«Je n'ai pas peur du jeûne, mais peur de la chaleur et de la canicule du mois d'août. C'est ce qui m'inquiète», nous a dit une jeune adolescente qui ne partage pas encore les soucis de son père. «Je dis au ramadan, sois le bienvenu ! C'est toujours durant ce mois que nous vivons de bons moments où nous pouvons rencontrer nos proches», enchaîne un nouveau marié de Tipaza. Sa femme abonde dans le même sens : «Généralement, les gens s'affolent et craignent de ne pas pouvoir faire de folies avec leurs revenus moyens. Ils ne savent peut-être pas qu'il existe des gens qui ne trouvent même pas de quoi rompre le jeûne. Je vous assure que la paye de mon mari n'est pas suffisante sans parler des crédits faits pour le mariage. Mais je ne panique pas. Je vais arriver à gérer la situation». Une fonctionnaire divorcée a d'autres soucis en tête. «Mes 5 enfants, dont 2 universitaires, ne savent pas que je m'inquiète déjà pour leur rentrée. Ils exigent dès à présent des vêtements de luxe pour l'Aïd. En plus, ils doivent, à chaque fois, avoir leur argent de poche pour les cartes de recharge téléphonique et, tout cela, avec ma modique paie.» Belkacem, père de trois enfants et simple ouvrier, s'inquiète lui aussi. «Je ne peux même pas subvenir aux besoins de ma famille durant le mois sacré de ramadan. Comment voulez-vous que je fasse pour l'Aïd. J'attendrai la ‘'fitra'' (l'aumône payée pour chaque personne à charge) de mes voisins et de mes proches pour couvrir les charges de la rentrée scolaire et de l'Aïd. Pour le ramadan, nous nous en sortirons. La soupe sans viande n'a jamais tué personne !», dit-il.