Résumé de la 3e partie n Après la victoire de Marengo, Bonaparte donne l'ordre d'arrêter et de guillotiner Georges Cadoudal. Quand il apprend l'événement, Cadoudal est furieux : non seulement tout son plan est remis en question, mais une répression terrible s'abat sur les Chouans, y compris ceux qui ont déposé les armes. Son frère Julien, qui, préférant l'amnistie, est rentré dans leur manoir de Kerléanô, est arrêté par les gendarmes d'Auray et fusillé lors de son transfert à Lorient. De plus, cet attentat sanglant soulève une intense émotion et détourne davantage encore l'opinion des contre-révolutionnaires... A partir de là, la politique s'en mêle, pour isoler le Breton et ses derniers partisans. En 1801, Napoléon signe avec le pape le Concordat, qui met fin à la querelle religieuse issue de la Révolution, et l'Angleterre entame des négociations avec la France, qui aboutissent en mars 1802 : la paix d'Amiens est signée entre les deux pays. Cadoudal, qui se trouve en Angleterre, n'est pas expulsé, mais il est assigné à résidence, avec quelques autres, sous la dénomination pudique de «gentlemen inconnus». Il lui est, bien entendu, interdit de se livrer à la moindre action politique. Mais il garde espoir et répète autour de lui : — Il faut rester prêt, la paix ne sera pas éternelle. Il ne se trompe pas : en mai 1803, à peine plus d'un an après, elle est rompue, et l'Angleterre repense immédiatement à lui. C'est qu'il est apprécié au gouvernement. Le ministre Windham résume l'opinion de tous ses collègues, lorsqu'il écrit de lui : «Cadoudal a le maintien et l'aspect d'un rustre, mais il possède cette aisance, cette assurance naturelle, qui font la marque d'un esprit supérieur. De tous ceux qui se sont engagés dans les affaires royalistes, c'est lui qui me donne la plus grande impression.» Georges Cadoudal débarque en Normandie le 10 décembre 1803. L'Empire a entre-temps remplacé le Consulat, mais il a toujours le projet d'enlever Bonaparte et, cette fois, il prend lui-même la direction de l'opération. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne s'agit nullement de chimères issues d'un esprit exalté. L'entreprise est réalisable. Napoléon ne se déplace qu'avec une faible escorte, plus décorative qu'autre chose. Il exerce son gouvernement à Paris, aux Tuileries, et rentre le soir à la Malmaison ou à Saint-Cloud, parfois fort tard. Une attaque sur le parcours a de bonnes chances de réussite. Les conspirateurs seront vêtus d'uniformes semblables à ceux de l'escorte pour favoriser l'effet de surprise. Napoléon sera ligoté et bâillonné. Un bateau attendra sur les côtes du Morbihan et le conduira dans l'île de Jersey, possession anglaise, puis... à Sainte-Hélène. C'est là que les Anglais ont d'ores et déjà décidé de l'interner et ils ne changeront pas d'avis par la suite. Tandis qu'il prend pied sur le sol de France Cadoudal a autour de lui une équipe de compagnons fidèles, qui l'ont suivi dans tous ses combats et lui obéissent comme à un dieu : Louis Picot, un paysan breton qui lui sert de domestique, Coster de Saint-Victor, un noble, ancien officier de Charette, Mérille, Burban, Roget, dit «l'Oiseau», Joyaux, Léridant et quelques autres. Débarqués de Dieppe, ils traversent la France sous des déguisements et gagnent Paris sans encombre... Ce n'est pas seulement dans la campagne bretonne que Cadoudal dispose de cachettes introuvables, il en a tout autant dans la capitale, grâce à un architecte qui fait partie de ses hommes, un nommé Spain, qui est un véritable génie dans cette spécialité. C'est l'as des trappes invisibles, des fausses armoires, des portes dérobées ; il en a truffé plusieurs maisons amies et les conspirateurs y seront en sûreté. (à suivre...)