Résumé de la 7e partie n Le procès Cadoudal s'ouvre le lundi 27 mai 1804, dans une salle du palais de justice où, quinze ans auparavant, avait été jugé Danton. Il n'appelle Thuriot que «Tue-roi» et, une fois qu'il prononce par mégarde son nom, il s'exclame : — Qu'on me donne un verre d'eau-de-vie pour que je me rince la bouche ! Ses compagnons font preuve du même courage... Le 8 juin, les débats sont clos. La délibération du jury ne dure pas moins de trente-six heures, preuve que les jeux n'étaient pas faits, du moins pour certains des accusés. Enfin, le président Thuriot énonce le verdict : Georges Cadoudal, Louis Picot, Coster de Saint-Victor, Mérille, Burban, Roget dit «l'Oiseau» et six autres sont condamnés à mort. Des peines de prison et des acquittements sont prononcés pour les complices de moindre importance. Jusqu'au bout, Napoléon a décidé d'épargner Cadoudal, lui faisant porter peu après la demande de grâce officielle, qu'il n'a plus qu'à signer. Le chef chouan déplie le document, mais quand il voit l'en-tête adressé «A Sa Majesté l'Empereur», il le rend à l'émissaire et déclare à ses compagnons : — Mes amis, faisons nos prières. Georges Cadoudal et ses compagnons sont conduits à l'échafaud le 25 juin suivant. Après s'être confessés, ils montent dans les trois charrettes qui les attendent... Face à la guillotine, dressée place de Grève, Cadoudal demande à passer le premier, afin que les autres ne puissent s'imaginer qu'il a été gracié après leur exécu-tion. Il meurt à 11 h 35 en hurlant. — Vive le roi ! A 11 h 50, la dernière tête est tombée. Il y a un épilogue macabre à cette histoire. A la Restauration, les autorités s'inquiètent de ne pas découvrir les restes de Cadoudal, alors qu'il a été inhumé avec tous ses compagnons exécutés en même temps que lui. C'est le baron Larrey, le chirurgien de Napoléon, qui les informe de ce qu'est devenu le corps. Il leur déclare «être en possession du squelette monté en fil de fer, ayant appartenu à la personne de Georges Cadoudal, lieutenant général des armées du roi». Il en atteste l'identité «par la déclaration sincère de la personne qui l'avait préparé et les caractères distinctifs du squelette, auxquels le connaisseur peut reconnaître facilement l'homme vivant». Telle a été, par-delà la mort, l'étonnante destinée de l'hercule de la contre-Révolution». Ses ossements, pendus à une potence dans le grand amphithéâtre de la faculté de médecine, ont servi durant tout l'Empire pour les cours d'anatomie. Les Bourbons revenus au pouvoir ont, bien sûr, voulu effacer cet affront. Georges Cadoudal a été élevé, à titre posthume, à la dignité de maréchal de France et sa famille anoblie. Il a eu droit à des funérailles solennelles et ses restes ont été inhumés dans un mausolée, sur la colline de Kerléano, près de sa maison natale.