Résumé de la 1re partie n Louis XVIII, bien qu'en exil et défait, confie à Georges Cadoudal, ce royaliste invétéré, le commandement de la Bretagne... Le coup d'État du 18 Brumaire (9 novembre 1799) et l'instauration du Consulat compliquent encore sa tâche. Le Premier consul Bonaparte accorde l'amnistie à tous les anciens Chouans et Vendéens, ce qui le laisse isolé et affaibli. Une défaite à Pont-du-Lac, devant le général Brune, le contraint à signer la paix. Mais peu après, par l'intermédiaire du même général Brune, il se voit proposer une entrevue à Paris, avec le Premier consul, qui a une offre à lui faire. Après avoir hésité un moment, il finit par accepter... Telle est la raison de la présence de cet irréductible au palais des Tuileries. Le général Rapp conduit le visiteur dans le salon de Minerve, où le Premier consul reçoit ses visiteurs, et ce dernier paraît à son tour. Entre eux, le contraste est saisissant. Avec sa maigreur et son profil aigu, Bonaparte a tout de l'aigle, dont il fera bientôt son emblème. Face à lui, le massif et puissant Georges Cadoudal fait irrésistiblement penser à un taureau. Restés seuls, l'entrevue commence. Que vont-ils se dire, ces hommes que tout oppose, l'aigle et le taureau, le Corse et le Breton, l'héritier de la Révolution et le défenseur de l'Ancien Régime ? On va le savoir au moins en partie, car le général Rapp, par prudence, a laissé la porte entrebâillée et peut surprendre des bribes de leur conversation. Bonaparte accueille aimablement l'arrivant. Il l'appelle Georges, visiblement décidé à faire une opération de charme. Son interlocuteur lui oppose une politesse glacée. — Georges, j'ai besoin de toutes les compétences pour gouverner la France. Non seulement je vous accorde l'amnistie, mais le grade de général. — Je suis royaliste, monsieur le Premier consul... Un dialogue de sourds s'engage alors. Les deux hommes arpentent la pièce, parfois le ton monte, mais il reste courtois. Au bout d'une demi-heure environ, ils reviennent vers la porte et le maître des lieux donne congé à son visiteur. — Surtout ne prenez pas ma générosité pour de la faiblesse. Elle résulte, au contraire, de ma force. Il n'y aura aucun salut pour ceux qui continueront à conspirer. Cela dit, vous pourrez rentrer en Bretagne aussi librement que vous êtes venu... C'est terminé et c'est un échec sur toute la ligne. Napoléon dira un peu plus tard à ses proches — Cadoudal est un fanatique. Je ne suis parvenu à rien avec lui. Quant à l'intéressé, il confie à un ami, qui l'attend à la sortie du palais : — Quelle envie j'avais d'étouffer ce petit homme entre mes deux mains ! Le jour même, il reprend le chemin de la Bretagne. Plus que jamais, il est l'hercule de la contre-Révolution et, plus que jamais, il est décidé à aller jusqu'au bout. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne perd pas de temps ! Il gagne sur-le-champ l'Angleterre, où il est nommé par Louis XVIII commandant en chef de l'armée de l'Ouest. Il lui expose son plan, qu'il a fait approuver par Pitt, le Premier ministre anglais : il va enlever le Premier consul, ensuite les Anglais débarqueront à Calais et dans le Morbihan. Il déborde d'optimisme. Il déclare à qui veut l'entendre : — Tout est prêt ! L'insurrection éclatera dans l'Ouest et même dans toute une partie du Midi, dans laquelle nous conspirons. Les royalistes peuvent espérer les plus grands succès, lorsque l'enlèvement aura réussi. Et il promet de mettre sur pied une armée de soixante mille hommes... (à suivre...)