Résumé de la 6e partie n Les policiers, qui ont reconnu Georges Cadoudal, commencent une poursuite digne des films policiers contemporains. Georges Cadoudal est enfermé au Temple, qui a été la prison de Louis XVI et des siens et qui regorge de royalistes. Surveillé dans sa cellule et dans tous ses déplacements par trois gendarmes, il a pourtant le droit de se promener dans le jardin et de s'entretenir avec ses partisans. Il s'assied sous un arbre, tandis que les autres se tiennent respectueusement debout. Bien qu'il n'ait rien révélé durant ses interrogatoires, il a la tristesse de voir arriver tous ses complices, qui sont pris les uns après les autres... Son procès s'ouvre le lundi 27 mai 1804, dans une salle du palais de justice qui sera plus tard celle de la Cour de cassation et où, quinze ans auparavant, a été jugé Danton. L'engouement du public est énorme. Chacun a conscience qu'avec le jugement des derniers partisans de l'Ancien Régime, c'est une page qui va définitivement se tourner. Le pouvoir a pris ses précautions. Une foule de policiers et de militaires est présente pour empêcher d'éventuels complices de délivrer les conspirateurs. On a même disposé de l'artillerie dans les couloirs du palais ! Dans la salle elle-même, on n'entre que sur invitation. L'assistance est prestigieuse. Avec les uniformes chamarrés et les robes des élégantes, on se croirait à la cour des Tuileries. Les quarante-sept accusés font leur entrée. Eux non plus ne manquent pas de caractère. Ils représentent tous les visages de la contre-Révolution : vieilles royalistes, abbés, petits gentilshommes, grands noms de la noblesse, marins de Bretagne et paysans du Vendée découvrant avec étonnement le grand monde de la capitale. Mais tous n'ont d'yeux que pour lui, celui qu'on appelle tout simplement Georges. Quelle force de la nature ! Dieu qu'il est laid, mais qu'il est impressionnant ! Un taureau qui entre dans l'arène. Il est entouré de l'aristocrate Coster de Saint-Victor, une caricature de l'Ancien Régime, avec ses cheveux laqués et son jabot de dentelle, tandis que Louis Picot, paysan au front bas et au visage criblé de petites véroles, lui fait pendant. Georges Cadoudal fait la preuve de sa verve et de son insolence tout au long des débats, dirigés par le président Thuriot, un conventionnel qui a, naguère, voté la mort du roi. Comme ce dernier l'interroge sur un médaillon de Louis XVI, qu'il avait sur lui au début du procès et qui a disparu depuis : «Qu'avez-vous fait de ce portrait ?», Cadoudal lui répond : — Et toi, qu'as-tu fait de l'original ? Il n'appelle Thuriot que «Tue-roi» et, une fois qu'il prononce par mégarde son nom, il s'exclame : — Qu'on me donne un verre d'eau-de-vie pour que je me rince la bouche ! (à suivre...)