Résumé de la 21e partie n Pour Lady Tressilian Audrey est toujours venue en septembre, et elle ne va pas lui demander de modifier ses plans…` Je me demande..., lâcha Mary, songeuse. Lady Tressilian lui lança un regard vif. — Qu'avez-vous, ma chère ? — Je m'interrogeais... Voyez-vous, elle... elle ressemble si peu à Neville, cette lettre ! Ne croyez-vous pas que, pour une raison quelconque, ce soit Audrey qui veuille ce... cette rencontre ? — Pourquoi diable le voudrait-elle ? grinça la vieille dame. Quand Neville l'a quittée, elle est partie s'installer chez sa tante, Mrs Royde, dans sa propriété du Rectory, et elle a sombré dans une profonde dépression. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle avait, évidem-ment, subi un choc terrible. Audrey fait partie de ces gens peu communicatifs et qui n'en ressentent que plus intensément ce qui leur fait du mal. Mary manifesta quelque gêne : — Oui. Peu communicative. Mais un volcan qui couve sous la cendre. C'est une drôle de femme, dans son genre... — Elle a beaucoup souffert... Et puis le divorce a été prononcé, Neville a épousé cette fille et, petit à petit, Audrey s'est mise à remonter la pente. Et maintenant qu'elle est presque redevenue elle-même, vous n'allez quand même pas me dire qu'elle a envie de rouvrir ses vieilles plaies ! Mary Aldin n'en démordait pas : — C'est pourtant bien ce que dit Neville. Lady Tressilian l'observa avec curiosité. — Je vous trouve extraordinairement entêtée sur le sujet, Mary. Pourquoi ? On dirait presque que c'est vous qui voulez que nous les accueillions ici tous ensemble ? Mary rougit. — Bien sûr que non ! — Et ce ne serait pas vous non plus qui auriez soufflé cette idée incongrue à Neville par hasard ? — Comment pouvez-vous proférer pareilles insanités, Camilla ? — Que voulez-vous, je ne crois pas un instant que ce soit lui qui ait eu cette idée-là. Ça ne lui ressemble pas. Elle resta un instant songeuse, puis son visage s'éclaira. — Demain, nous serons le 1er mai, n'est-ce pas ? Le 3, Audrey doit arriver à Esbank, chez les Darlington. Ce n'est qu'à trente kilomètres d'ici. Ecrivez-lui donc pour lui demander de venir déjeuner avec nous un de ces jours. 5 mai — Mrs Strange, Madame. Audrey Strange pénétra dans la chambre, vint s'incliner au-dessus du grand lit pour embrasser lady Tressilian et s'assit dans le fauteuil préparé à son attention. — C'est bon de vous revoir, ma chérie, dit la vieille dame. — C'est à moi que cela fait plaisir, répondit Audrey. Elle avait quelque chose d'immatériel. De taille moyenne, elle possédait des mains et des pieds minuscules. Blonde, le teint translucide, on remarquait tout de suite ses yeux gris, clairs et très écartés. Son visage, ovale et fin, offrait des traits délicats et réguliers, avec un petit nez rectiligne. Malgré sa pâleur, jolie sans être belle, elle possédait un charme indéniable qui captivait le regard. On eût dit une sorte de fantôme, mais d'un fantôme infiniment plus réel que bien des vivants... (à suivre...)