Dégradation n Une crise diplomatique majeure a éclaté, hier, entre ces deux pays qui ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs, Bagdad ayant exigé de son voisin l'extradition de personnes suspectées d'avoir ordonné des attentats sur son sol. Pour marquer son exaspération, Bagdad a d'abord annoncé qu'il rappelait son ambassadeur nommé en février 2009. Cette annonce a été aussitôt suivie par une démarche identique de Damas. «Nos voisins doivent se conduire correctement. Il n'est pas difficile pour nous de faire la même chose, mais nos valeurs nous en empêchent. Nous voulons arriver à un accord avec ce pays pour nous débarrasser de ceux qu'il abrite», a mis en garde le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, dans un communiqué, en référence à la Syrie. Le gouvernement irakien a demandé à Damas de lui livrer deux membres du Baath, le parti de l'ancien Président Saddam Hussein, aujourd'hui interdit en Irak, accusés d'être derrière une série d'attentats à Bagdad le 19 août, dont celui du ministère des Finances. Ce dernier attentat et un autre visant celui des Affaires étrangères ont fait près de 100 morts et plus de 600 blessés. Ces attentats, en plein cœur de Bagdad, ont porté un coup dur à M. Maliki qui se targue d'avoir restauré la sécurité dans le pays. Les deux hommes cités dans le communiqué, Mohammad Younes al-Ahmad, un gouverneur de Mossoul (nord) à l'époque de Saddam Hussein, et Sattam Farhan, ont été mis en cause par le principal suspect des attentats arrêté en Irak et dont les «aveux» ont été récemment diffusés. Beaucoup de responsables de l'ancien régime de Saddam Hussein, membres du parti Baas alors au pouvoir, ont trouvé refuge en Syrie, un pays dirigé par une autre branche du parti Baath, après l'invasion dirigée par les Etats-Unis en 2003. En réponse au rappel par le gouvernement irakien de son ambassadeur à Damas pour consultation, la Syrie a décidé de rappeler le sien à Bagdad», a riposté le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. «La Syrie rejette catégoriquement les propos du porte-parole du gouvernement irakien sur les attentats sanglants de Bagdad mercredi. Elle avait dénoncé avec force cet acte terroriste qui a fait des victimes parmi le peuple irakien», ajoute-t-il. Le 22 avril à Bagdad, interrogé par un journaliste irakien sur la présence dans son pays de Mohammad Younes al-Ahmad, le Premier ministre syrien, Mohammad Naji Otri, avait répondu : «Je ne connais pas ce nom (...) Toutes activités qui mènent à la déstabilisation de l'Irak sont pour nous une ligne rouge.» Cette crise intervient une semaine après la visite de M. Maliki à Damas lors de laquelle avait été établi un «haut conseil de coopération stratégique». Dimanche, une personne suspectée d'implication dans les attentats, Wissam Ali Kazem Ibrahim, avait affirmé dans des «aveux» être membre du Baath irakien et avoir reçu des ordres d'un ancien responsable de ce parti, Sattam Farhan, basé en Syrie.