Patrimoine n La localité de R'haouet rattachée à la commune de Hidoussa s'accroche désespérément à ses derniers moulins à eau ayant forgé sur plusieurs siècles sa réputation de «minoterie» de la région des Aurès. Les deux ultimes moulins de pierre de la période faste de cette contrée montagneuse se dressent fièrement défiant l'action du temps et des éléments qui ont toutefois eu raison de certaines de leurs parties. Dissimulé au fond d'un verger du lieu dit Iferjadh, un des ces deux moulins est la propriété du cheikh Brahim. Ce meunier septuagénaire qui soutient que son établissement était opérationnel en 1815 se dit prêt à le faire fonctionner de nouveau s'il arrivait à trouver de l'aide pour reconstruire le bief qui acheminait l'eau nécessaire pour actionner le moulin. Transformant en farine les céréales de toute la région de Mérouana jusque dans les années 1980, le second moulin de Ahmed Kebab est abandonné et risque de connaître le même sort que celui des autres moulins dont les ruines sont visibles à travers les vergers de pommiers, de vignes et de figuiers. C'est l'inestimable atout de la présence de nombreuses sources jaillissant depuis des temps immémoriaux des tréfonds des roches de ces montagnes qui a amené les anciens habitants de R'haouet à développer l'activité meunière, affirme Si Driss, un vieux sage de la région. Un moulin traditionnel à céréales se compose de deux meules en pierre superposées d'un mètre et demi de diamètre dont le mécanisme est mis en marche à une assez grande vitesse par une roue à aubes actionnée par la force de l'eau acheminée par un canal à forte pente. Jadis la demande sur les moulins de R'haouet était telle que l'eau devait être répartie à la Nouba entre les agriculteurs et les meuniers. Pour Si Driss, les habitants de R'haouet dont les maisons étaient éparpillées y trouvaient une sorte de compagnie agréable dont beaucoup éprouvent aujourd'hui la nostalgie souvent attisée par le murmure des ruisseaux dévalant ces montagnes. La vocation meunière de R'haouet date de bien avant 1830. A partir de l'indépendance, ces minoteries ont commencé à fermer une à une. Et c'est vers le milieu des années 1980 que le dernier moulin encore opérationnel cessa toute activité. R'haouet est célèbre également pour ses paysages naturels, ses multiples sources et ses cascades. Ses habitants construisaient leurs maisons en pierre tantôt près des ruisseaux tantôt en les adossant aux flancs de gigantesques roches. La plus connue des usagers de la RN 77, est la source de Thaâwineth Ennoued Tachem dont l'eau limpide est très fraîche en été et tiède en hiver. C'est notamment la destination des familles de la ville de Batna qui viennent s'y désaltérer et s'y approvisionner. Patrimoine rural de la wilaya, ces moulins dépositaires d'un savoir-faire plusieurs fois séculaire et d'une technique ancestrale, pourraient être sauvés et restaurés par une valorisation culturelle et touristique, espèrent les habitants de R'haouet.