Portrait n Cet écrivain prolifique dans les deux langues arabe et française dépeint les maux de sa société dans un style particulier et une esthétique recherchée, faisant de lui, l'archétype du romancier de la résistance au verbe acerbe et anticonformiste. Amin Zaoui est un passionné des bibliothèques. Il s'est découvert cette vertu dès sa plus tendre enfance et allait, avec le temps, confirmer tout son talent. Son dernier passage à la tête de la Bibliothèque nationale, il l'avait marqué par une floraison d'activités et d'événements, faisant de cet espace un repère majeur de la culture en Algérie. C'est ce talent qui s'est vu, une fois de plus, récompensé, avant-hier, lundi, en soirée, de la Plume d'or dédiée à la pensée et à la créativité, par l'Assemblée populaire communale (APC) de Sidi M'hamed. Ecrivain foisonnant, Amin Zaoui a cette particularité d'avoir, dans toute son œuvre, mis en avant son penchant à transcender les tabous. Un penchant que les critiques littéraires ne cessent de ressasser, au moment où ce chantre de l'amour met toute sa verve littéraire au service de son pays. C'est ce qui apparaît dans son dernier roman, "La chambre de la vierge impure" où l'auteur qui, à travers une histoire d'amour entre un jeune algérien enlevé par un groupe terroriste et enrôlé dans leur entreprise macabre, de force, et une jeune fille fanatique, dans un camp d'entraînement islamiste, cherchait à mettre en relief les traditions de résistance du peuple algérien. De cette histoire d'amour entre ces deux jeunes, Zaoui étale tout son talent de narrateur que sa mère lui a transmis, faisant qu'à l'intérieur de ce récit qui frôle la fable, il y a également des situations bien réelles d'une société en butte à l'extrémisme et à l'intolérance. La dualité décelée dans l'œuvre de Zaoui, c'est-à-dire un questionnement acharné du vécu et de la mémoire collective de la société ainsi qu'un penchant presque naturel à la fiction, l'auteur l'explique par sa relation avec son père, avec qui il a appris l'écriture et qui l'avait mis, se plaît-il à dire, sur la voie de la culture savante. Sa mère, elle, l'avait bercé dans sa culture orale et son univers fabuleux. Pour cet auteur qui croit que «l'écriture débute par une aventure et demeure une aventure», la quête de transformer l'univers des récits de la mère avec ses personnages fabuleux en une prose savante n'est pas une œuvre aisée. L'enfant de Bab El-Assa, dans la région de M'sirda, une bourgade située aux frontières ouest du pays, était et demeure un passionné des bibliothèques. Cette soif du livre et de la lecture, il l'a découvre lorsqu'il fréquentait la bibliothèque de la ville de Tlemcen. Il a rendu d'ailleurs un hommage appuyé à l'ancien directeur de cette institution, M. Aït Abdelkader qu'il dit avoir connu quand il était lycéen. Cet amour pour la lecture et l'écriture lui fait découvrir plusieurs horizons, allant des trésors de la littérature arabe, en passant par les classiques de la littérature française et russe. Il tire de sa longue expérience avec les livres et ses fréquentations assidues des bancs des bibliothèques une certitude : «Un peuple qui lit n'aura pas faim et ne sera pas réduit à la servitude.»