Marasme n A quelques jours de la rentrée scolaire, une des premières écoles de Blida, ne pourra pas accueillir ses 450 élèves. L'Orangerie, aujourd'hui école Ahmed-Abed, a été construite en 1854, quelques années seulement après l'invasion française. Patrimoine du pays, cet édifice bâti à l'extrémité nord du vieux Blida mais qui se trouve être actuellement le centre – ou le cœur – de la ville des Roses, est quasiment oubliée. Qui veut la fin de ce monument qui a été l'école maternelle puis primaire de dizaines de milliers d'habitants de la ville ? 450 élèves en double vacation, seule école à poursuivre cette «torture» d'une chaise pour deux élèves, d'une salle qui appartient à deux classes différentes, un directeur qui gère son école depuis un bureau sis dans une cave, des tableaux à marqueur acquis l'an dernier et qui n'ont pas été placés, une seule femme de ménage pour toute l'école,pas de veilleur de nuit malgré un constat de vols…au quotidien, école qui n'a pas été repeinte depuis des années alors que d'autres, au statut privilégié – comme celle d'Ibn Sinna –, a été repeinte deux fois en deux ans. La coupe est pleine pour un directeur présent depuis huit ans, mais qui n'habite pas le logement d'astreinte occupé par une famille dont le père, décédé, fut directeur dans un autre établissement. Un sentiment d'abandon plane sur cette école devant au moins exister comme musée de la scolarisation dans la ville dite des Roses. A quelques jours de la rentrée des classes, les ralentisseurs devant gêner automobilistes et motards et éviter de fâcheux accidents, ne sont pas installés. Des témoignages concordant font état de l'existence d'agents de l'ordre public près d'une école privée à la sortie des classes alors que cette école, scolarisant les enfants de parents à bas revenus ou tout simplement chômeurs, des enfants issus de familles disloquées, sont «jetés» dans la gueule des fous de la vitesse au moins deux fois par jour. Et que dire lorsqu'on apprend que la bibliothèque de l'école n'existe pas ? «J'ai des livres de bibliothèque pour mes élèves, mais ils sont dans des cartons», affirme le directeur. Il y avait bien un projet de construction de trois salles en commun avec le collège de l'Orangerie mitoyen, mais sa concrétisation n'a pas figuré sur les tablettes des responsables. Une école qui aurait pu être le fleuron de la ville, mais qui est en bas de l'échelle. Un appel à ses anciens élèves, d'Algérie ou d'ailleurs, pour remédier à autant d'abandon, pourra-t-il être lancé ? La question mérite d'être posée.