Avis n Rabah Saâdane a, dans sa dernière conférence de presse, longuement abordé le sujet du jeûne et du football de haut niveau puisque le match contre la Zambie s'est déroulé en plein mois de ramadan. En scientifique avéré dans son domaine, le sélectionneur national a expliqué que pour ce match contre les Chipolopolos, la difficulté ne résidait pas dans le jeûne puisque la rencontre s'est déroulée le soir, mais au niveau de la digestion. En effet, Saâdane aurait préféré que la rencontre débute vers 23 heures puisque la rupture du jeûne intervient entre 19h 30 et 20 heures et que pour jouer à 22 heures, il faut commencer à s'échauffer à 21h 15. Or, à ce moment, la digestion est toujours en cours quoique les joueurs aient pris un repas léger, ce qui perturbe le corps de l'athlète sur le plan physiologique. Cette problématique qui se pose de plus en plus avec acuité pour les sélections concernées par le jeûne, a amené la Fédération algérienne de football (FAF) a prévoir un projet de lettre à l'intention de la Fifa afin de décaler à l'avenir l'heure des rencontres durant le mois de ramadan sur la base de données scientifiques. Le coach national a d'ailleurs expliqué les difficultés rencontrées par les joueurs face à la Zambie. «C'est au niveau physique que les joueurs ont peiné pour plusieurs raisons. On savait que cela allait être dur pour nous surtout que les joueurs n'avaient pas le temps nécessaire pour la digestion le jour du match. Je voudrais signaler ici un fait scientifique : les études recommandent que pour un bon rendement, il doit y avoir un temps minimum de trois heures entre le repas et le début du match. Le plus important c'est que les joueurs ont bien réagi et remporté les trois points de la victoire.» Etant donné que le problème du jeûne et de la pratique du sport de haut niveau en plein ramadan a constitué un débat très riche ces derniers jours, Saâdane a rappelé le dernier passage à Alger du professeur Ronald J. Maughan, titulaire de chaire de la célèbre School of sport and Exercise Sciences de l'Université de Loughborough en Grande-Bretagne qui a donné une conférence ayant pour thème «La nutrition et l'hydratation du footballeur». Le passage de cet éminent professeur a coïncidé avec la remise des résultats des tests effectués sur les joueurs de l'équipe nationale qui ont reçu chacun sa fiche avec toutes les conclusions et recommandations. Une des conclusions de cette étude a montré que plusieurs joueurs venaient déshydratés à l'entraînement. Cet expert en diététique, qui a insisté sur une nutrition équilibrée pour les matchs de haut niveau, a donné plusieurs conseils aux joueurs pour réduire les effets du jeûne sur l'organisme d'un footballeur (même si certains ont considéré que c'était du vent - khorti - comme l'a révélé Saâdane). En revanche, Karim Ziani, intéressé apparemment par le sujet, a mis le professeur Maughan devant un dilemme en évoquant son cas : le joueur s'entraîne, tout en observant le jeûne, le matin de 10h à midi, et ne le rompt que vers 20h 30, que faire, alors qu'il faut se réhydrater avant, pendant et après l'effort. Le professeur n'a pas donné de réponse. Par ailleurs, et sur un plan strictement religieux, Saâdane a rappelé ses expériences du passé (en 1982 et en 1986), et compte tenu de nos traditions et convictions, il n'est jamais facile de dire à un joueur de jeûner ou de rompre. «Je ne veux pas rentrer dans ce débat ou parler de fetwa, car je considère que notre religion est tolérante et que la décision de jeûner ou pas relève du domaine personnel de chaque joueur», dira Saâdane.