Décision n Les pays membres n'ont pas voulu prendre le risque de restreindre leur production et de faire flamber les prix. Sans surprise, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé, la nuit dernière, de maintenir son niveau de production de pétrole. «C'est un maintien des quotas de production», a déclaré le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, à l'issue d'une réunion ministérielle tenue à Vienne exceptionnellement dans la soirée en raison du mois sacré du ramadan, l'Opep comptant parmi ses membres plusieurs pays arabes et musulmans. Expliquant sa décision, l'Opep a souligné dans un communiqué qu'étant donné que le marché «est toujours suralimenté et qu'il existe un risque de rechute compte tenu de l'extrême fragilité de la reprise, la conférence a, une nouvelle fois, décidé de maintenir ses niveaux actuels de production». Les pays membres n'ont pas voulu prendre le risque de restreindre leur production et de faire flamber les prix. «Nous marchons sur une ligne étroite. Nous ne voulons pas prendre de décisions qui compromettront la reprise», a déclaré le secrétaire général de l'Opep, le Libyen Abdallah Al-Badri, lors d'une conférence de presse. «A partir de 80 dollars le baril, les prix nuisent à l'économie», selon le ministre qatari, Abdallah Al-Attiyah. Cela étant, le cartel a exprimé son inquiétude persistante sur l'ampleur des stocks et la faiblesse de la demande mondiale, relevant les «grandes inquiétudes» qui demeurent «sur le rythme et l'ampleur de (la) reprise spécialement dans les grandes nations industrialisées». Des inquiétudes qui contrastent singulièrement avec l'optimisme affiché, à l'ouverture de la réunion, par le président en exercice de l'Opep, le ministre angolais du Pétrole, José Maria Botelho de Vasconcelos. «Les jours les plus sombres de la tourmente financière et de la récession économique sont derrière nous», avait-il déclaré. Ces derniers jours, plusieurs autres ministres de l'Opep avaient affiché leur optimisme, décrivant un «marché stable» et des «prix bons pour tout le monde». Par la voix de son président, l'Opep a également fait part de ses inquiétudes concernant la prochaine conférence de l'ONU sur le changement climatique. «Les pays producteurs de pétrole doivent s'assurer que leurs intérêts seront bien représentés dans les accords post-Kyoto» lors des négociations de Copenhague du 7 au 18 décembre, a déclaré M. Vasconcelos. Le secrétaire général s'est montré plus catégorique. «Nous ne voulons pas être pénalisés (...) sous prétexte que nous sommes des pays producteurs de pétrole. Oui, l'environnement est important, mais les pays en développement n'ont pas à assumer seuls la charge de la lutte contre la pollution», a tonné M. Al-Badri.