«Des prix entre 70 et 80 dollars sont bons pour tout le monde. A partir de 80 dollars, ils nuisent à l'économie.» Les représentants des pays exportateurs de pétrole (Opep), ont décidé de maintenir leur niveau de production. C'est ce qui a été décidé lors d'une réunion ministérielle qui s'est tenue dans la nuit de mercredi à jeudi à Vienne en Autriche. «Etant donné que le marché est toujours suralimenté et qu'il existe un risque de rechute compte tenu de l'extrême fragilité de la reprise, la conférence a, une nouvelle fois, décidé de maintenir ses niveaux actuels de production», a indiqué l'Opep dans son communiqué final et ce tout en affichant un relatif optimisme sur la fin de la crise mondiale. A l'issue de cette réunion, l'Opep a également décidé de conserver son objectif global de production de 24,84 millions de barils par jour. Seuil qu'elle s'était fixé à la fin 2008 pour enrayer la chute vertigineuse du prix du baril, tombé jusqu'à 32 dollars et remonté aujourd'hui à autour de 70 dollars. Une décision qui, de l'avis des experts, n'a surpris personne. L'on croirait, de ce fait, que l'Opep n'a pas souhaité prendre le risque de restreindre sa production et de faire flamber les prix. Et pour cause. «Nous marchons sur une ligne étroite. Nous ne voulons pas prendre de décisions qui compromettront la reprise», selon le Libyen Abdallah El Badri, secrétaire général de l'Organisation, alors que le ministre qatari, Abdallah al-Attiyah, a soutenu qu'à partir de 80 dollars le baril, les prix risqueront de nuire à l'économie. Le cartel a, par ailleurs, relevé l'ampleur des stocks et la faiblesse persistante de la demande mondiale, qui suscitent de grandes inquiétudes. «Un meilleur respect des quotas devrait stopper la progression des stocks», a estimé, de son côté, M.Chakib Khelil, ministre de l'Energie, qui n'a pas était sans prédire une remontée des prix à partir du début 2010. Mais, curieusement, la déclaration finale de l'Organisation ne contient aucun rappel à la discipline sur ce point. Plus que cela, aucune mesure n'a été prévue par l'Organisation pour sanctionner les pays qui s'affranchissent de leurs obligations. C'est pourquoi M.Jason Schenker, analyste chez Prestige Economics, a souligné que le communiqué final révèle combien «les espoirs de reprise sont minces». Toutefois, les inquiétudes exprimées dans le communiqué final contrastent, singulièrement, avec l'optimisme affiché, à l'ouverture de la réunion, par le président en exercice de l'Opep, le ministre angolais du Pétrole, José Maria Botelho de Vasconcelos. «Les jours les plus sombres de la tourmente financière et de la récession économique sont derrière nous», avait-il déclaré. Aussi, ces derniers jours, plusieurs autres ministres de l'Opep avaient affiché leur optimisme, décrivant un «marché stable» et des «prix bons pour tout le monde». Rappelons, enfin, que l'Opep tiendra sa prochaine réunion extraordinaire le 22 décembre à Luanda (Angola) et la réunion ordinaire suivante aura lieu à Vienne le 17 mars prochain.