Chiffre n Depuis 2007, une dizaine de malades hémophiles adultes ont été circoncis à travers le territoire national. La présidente de l'Association algérienne des hémophiles (AAH), Latifa Lemhane, qui a révélé l'information, a précisé que ces patients n'ont pu être circoncis dans leur enfance en l'absence des médicaments nécessaires ou du refus des chirurgiens de procéder à l'opération. C'est donc la fin du calvaire pour ces malades qui «ont grandi avec un grave complexe psychologique». Notre interlocutrice précise d'ailleurs que les adultes circoncis entre 2007 et 2009 l'ont été «souvent avant leur mariage». La présidente de l'association signale que 7% des cas de décès chez la population hémophile sont dus à la circoncision. «Il faut savoir que dans certaines régions du pays, les malades sont circoncis dès le 7e jour de leur naissance souvent par un vieux du village», déplore-t-elle, avant d'ajouter que «le risque existe aussi chez les hémophiles modérés et mineurs». Dans certains cas (10%) c'est la circoncision qui permet de diagnostiquer l'hémophilie. L'AAH ne s'implique pas directement dans les actes de circoncisions, mais intervient pour assurer la disponibilité des facteurs anti-hémophiles. La circoncision est un acte important dans notre société. Mais l'opération peut avoir des conséquences dramatiques pour le malade si elle n'est pas bien préparée. Ainsi, Mme Lemhane appelle les familles à faire des bilans pré-opératoires avant de faire circoncire leurs enfants dans un milieu médicalisé, de préférence avant l'âge de 3 ans et sous ouverture des traitements anti-hémophiles (facteurs 8, 9,1). Cette maladie qui ne touche généralement que les garçons (des cas rarissimes sont signalés chez les filles) fait vivre le calvaire à quelque 1 500 citoyens algériens recensés. En sachant que la prévalence de cette maladie est de 1 pour 1 000 habitants, ils seraient plus de 3 000 cas dans notre pays pas encore recensés «par ignorance de la maladie, le non-suivi et l'absence de diagnostic systématique dès la naissance». Sur les 1 500 cas déclarés, 80% sont des handicapés physiques, des jeunes non scolarisés suite aux hospitalisations. Ils sont souvent marginalisés et souffrent de chômage… Mme Lemhane interpelle les autorités pour assurer une disponibilité permanente des médicaments et insiste sur les bilans pré-opératoires avant tout acte chirurgical, même minime (extraction dentaire…). L'association AAH lutte depuis sa création en 1989, pour la disponibilité du traitement à domicile à travers le territoire national, sachant que l'hémophilie a besoin d'être traitée immédiatement. Enfin, il y a lieu de signaler que l'association organisera une soirée en faveur des enfants hémophiles, le 16 du mois en cours à la Safex d'Alger.