Urgence n Les hémophiles ont lancé, hier, un véritable SOS en direction du ministère de la Santé en réclamant une prise en charge réelle et urgente. Les hémophiles, dont le nombre s'élève à 1 500 au niveau national parmi lesquels 650 cas sévères, sont dans une situation lamentable, voire insupportable. «Nous avons beaucoup de problèmes», a déclaré Iguederzène Idir, président du comité d'Alger de l'Association algérienne d'hémophilie (AAH), lors d'une conférence tenue, hier, à Alger. Les hémophiles algériens, livrés à eux-mêmes, souffrent en silence et meurent à petit feu. «Si on ne prend pas en charge sérieusement les hémophiles, ils deviendront tous des handicapés», a-t-il encore averti tout en dénonçant les responsables de la santé publique qui observent un silence absolu sur cette maladie et ses retombées. Selon lui, les hémophiles algériens, dont la plupart sont des handicapés moteurs ou porteurs de virus dangereux (hépatite C, sida…), font face à de nombreux problèmes. En effet, les personnes atteintes de cette maladie congénitale et incurable n'ont pas suffisamment accès aux médicaments ou aux soins appropriés. «Il existe un centre à Bouzaréah, dans la wilaya d'Alger, dont les capacités ne répondent qu'à 30% des besoins des malades», a souligné le vice-président de cette association Noreddine Ben Ikhlef. Selon lui, la situation des hémophiles est l'illustration d'un «échec» total de la santé algérienne. «Les hémophiles issus d'autres régions du pays, vivent des situations catastrophiques», a-t-il encore précisé. Pour le vice-président de l'AAH, la situation déplorable des hémophiles est due principalement à l'absence d'une stratégie ou d'un plan national de prise en charge de cette maladie. D'après M. Ben Ikhlef, un hémophile se présentant dans un hôpital pour des soins, aussi simples soient-ils, doit faire de nombreux prélèvements sanguins, des analyses et des radios avant son admission. «Les centres de traitement actuels d'hémophilie sont dépourvus de ces services et le malade doit les faire à l'extérieur en traînant d'un hôpital à un autre. Et avec les tracasseries administratives, la visite médicale peut durer trois à quatre jours, ce qui aggrave davantage l'état de santé du patient», a-t-il déploré. Les représentants de l'AAH réclament la réalisation impérative d'un centre spécialisé qui regroupera tous les services médicaux dont un hémophile a besoin. «Nous voulons un centre national avec une autonomie financière et administrative auquel l'hémophile pourra s'adresser et où il pourra être pris totalement en charge», a indiqué M. Ben Ikhlef. Selon ce dernier, l'insuffisance de médicaments importés a également contribué au drame des hémophiles. «Avec les moyens actuels, l'Algérie ne peut produire les facteurs de coagulation et elle ne possède même pas d'unités de traitement de plasma frais et congelé», a-t-il indiqué. A quand l'indemnisation de ceux contaminés dans les hôpitaux ? n L'Association algérienne d'hémophilie (AAH) a exigé, hier, l'indemnisation des hémophiles qui ont été contaminés dans les hôpitaux algériens comme partout dans le monde, particulièrement en France. «60% des hémophiles ont été contaminés par le virus de l'hépatite C et 20% par le VIH (sida) dans nos hôpitaux, sans être indemnisés à ce jour», a déclaré Noreddine Ben Ikhlef, vice-président de l'AAH . A cet effet, l'association a élaboré un projet de prise en charge des hémophiles, qu'elle remettra prochainement au ministère de la Santé, et dans lequel elle demande : une indemnisation financière de l'ordre de cinq millions de dinars pour les hémophiles handicapés moteurs, 10 millions de dinars pour ceux contaminés par le virus du sida et 75 millions de dinars pour ceux qui ont été contaminés par le virus de l'hépatite C. Pour ceux qui ont perdu la vie en raison de ces contaminations, l'association demande une indemnisation de l'ordre de trois millions de dinars pour leurs familles et ayants droit.