Résumé de la 3e partie n Comme promis les trois compères s'évadent et de quelle manière ? Dans une cellule voisine, occupée par un certain Allen West, on trouve, à la place du grillage métallique de l'aération, une bouche factice en carton peint. De là, l'ouverture a été agrandie à la petite cuillère pour permettre le passage d'un homme. Pressé de questions, Allen West parle : — Oui, je devais m'évader avec eux, je l'ai même fait. Mais le conduit était trop étroit et j'ai perdu du temps. Quand je suis arrivé sur le toit, ils n'étaient plus là. Alors, je suis redescendu. — Comment sont-ils partis ? Ils ont un radeau ? — Pas un radeau, un canot pneumatique. — Où l'ont-ils volé ? — Ils ne l'ont pas volé, ils l'ont fabriqué... Et Allen West donne des précisions, qui rendent plus extraordinaire encore le travail des évadés. A l'aide de colle envoyée dans des tubes de dentifrice et d'une cinquantaine d'imperméables provenant de détenus, ils ont confectionné une embarcation de deux mètres de large sur quatre mètres et demi de long. Pliée, elle pouvait passer par la cheminée d'aération. Ils l'ont gonflée en arrivant devant la mer, grâce à une pompe fabriquée avec un accordéon. Ils avaient également bricolé des pagaies ! Les recherches s'intensifient. Étant donné les courants portant vers la petite île d'Angel Island à trois kilomètres de là, deux cents soldats de la 6e armée, équipés pour un débarquement, prennent pied sur les lieux à bord de tanks amphibies. Peine perdue ! On ne retrouvera jamais les fugitifs. Que sont-ils devenus ? Se sont-ils noyés dans les eaux glaciales de la baie de San Francisco, comme l'a conclu officiellement l'administration pénitentiaire, qui n'a pas voulu reconnaître son échec ? Pour elle, Frank Morris, John et Clarence Anglin sont morts. Il faut dire que plusieurs éléments vont dans ce sens. On a retrouvé les jours suivants, dans la mer, des pagaies rudimentaires, des effets personnels et un gilet de sauvetage. Et, plusieurs semaines plus tard, le corps d'un homme portant une tenue bleue semblable à celle des prisonniers a été repêché. Mais son état de conservation était trop mauvais pour qu'on puisse l'identifier. Au contraire, pour le grand public, comme on peut l'imaginer, c'est la version de l'évasion réussie qui s'est imposée. Des hommes qui avaient fait preuve d'une telle ingéniosité, d'un tel génie pour vaincre tous les obstacles, de plus sans employer la moindre violence, ne méritaient pas d'échouer. On a voulu croire que Frank Morris, John et Clarence Anglin, ou du moins deux d'entre eux, le noyé étant vraisemblablement l'un des leurs, avaient mené depuis une vie cachée et tranquille. Et c'est aussi la version qu'a choisie Hollywood. En 1979, l'évasion a été portée à l'écran, dans le film de Don Siegel, L'Évadé d'Alcatraz, où Clint Eastwood joue le rôle de Frank Morris. En tout cas, qu'elle ait échoué ou réussi, une chose est certaine cette tentative était la dernière. Moins d'un an plus tard, le 21 mars 1963, le pénitencier d'Alcatraz fermait définitivement ses portes. Sans doute la décision était-elle déjà programmée, mais cette extraordinaire aventure l'a certainement accélérée. La légende était brisée, Alcatraz, le navire de béton, le Roc, était redevenu l'île aux Pélicans de ses origines, celle où les oiseaux sauvages pouvaient librement se poser et reprendre librement leur vol.