Des travaux d'aménagements remontant à plusieurs années sont à l'origine du problème. À moins d'une intervention rapide par la remise en état ou, encore mieux, l'installation de nouveaux équipements plus perfectionnés, l'hôtel Safir (sous-sols et étages) serait exposé à une catastrophe certaine. Il suffirait d'une augmentation de la chaleur au niveau de la chaufferie où des milliers de litres de gasoil alimentent les chaudières, pour qu'une explosion se déclenche. Ce qui pourrait survenir à tout moment. Pour de plus amples explications, le directeur de l'établissement, Djilali Sami, pointe le doigt en direction de l'ancien responsable qui, selon lui, a autorisé des travaux non conformes notamment au niveau de la chaufferie et des ateliers de réparation. Les dits travaux ont conduit à la réduction de l'aération nécessaire (6 chaudières) en fonction du personnel d'entretien constamment sur les lieux. Après accord du directeur, nous nous sommes rendus sur place accompagnés de quelques travailleurs. Dès l'arrivée dans le couloir menant vers la chaufferie, l'air se raréfie pour atteindre un seuil intolérable à l'endroit même où sont installées les six chaudières. Aucune voie d'aération. Seules de minuscules brèches et une trappe à moitié fermée laissent passer un semblant d'air, insuffisant pour assurer les conditions minimales requises. Les ouvriers nous montrent le grand mur qui condamne les voies d'aération. De l'autre côté du mur, un local a été aménagé par l'ancien directeur pour servir de siège à l'Association des amis de l'hôtel Safir. Des transformations dangereuses On nous dit aussi que les locaux commerciaux situés sur le boulevard, qui ont subi avec l'aval du même directeur des transformations, n'ont pas manqué de générer les mêmes causes. Les ouvriers citent un certain nombre de voies fermées. Ici une porte de secours condamnée, là une trappe fermée, plus loin l'atelier tapisserie est en vase clos. Des conditions de travail difficilement supportables par le manque d'air. “Depuis l'ouverture du Cyber-café et de l'agence de voyages, nous vivons un enfer. Sept climatiseurs fonctionnant à longueur de journée renvoient de la chaleur qui, à défaut de bouches d'aération, se concentre dans ces lieux”, se plaignent-ils. M. Sami rappelle que ces locaux commerciaux ont été cédés pour des loyers dérisoires. “Jusqu'à présent, le Night-Club est pris en charge par l'hôtel en matière d'eau, électricité et gaz”, précise-t-il. En somme, les sous-sols de l'établissement ont, à la suite de ces transformations, subi d'importants dégâts auxquels doit faire face l'actuel directeur, installé depuis trois ans déjà. “La volonté ne manque pas, certes, mais les décisions sont souvent entachées de lenteurs. C'est un établissement étatique dépendant d'une structure qui a pouvoir de décision. En dehors des petites interventions entrant dans le cadre du budget de fonctionnement, nous ne pouvons lancer une quelconque opération d'envergure sans l'aval de l'entreprise-mère”, dira-t-il. Autrement dit, l'appel au secours pour sauver l'“ambassadeur” des établissements hôteliers de marque du pays risque de connaître le sort d'une bouteille à la mer. Sinon comment expliquer le silence si ce n'est la sourde oreille de la direction générale de l'EGT/Centre aux différentes doléances exprimées par le directeur de l'hôtel Safir. M. Senni, absent à l'assemblée organisée par la Fédération nationale des travailleurs du commerce et du tourisme, s'est contenté de déléguer son collaborateur, Abdelhak Khalef. Ce dernier s'est, d'ailleurs, limité à faire de la figuration en se refusant à tout commentaire au sujet des problèmes soulevés par les intervenants. Ces derniers, tout comme les syndicalistes, ont réclamé sa présence. Dans la grande salle des conférences, les travailleurs de l'hôtel sont venus en force soutenir leur représentant syndical “élu démocratiquement”, comme ils le précisaient. Lounès Laïdi, en présence du secrétaire général du Fntct-Ugta, Rabah Brahmi, du SG du syndicat et président du CPE de l'EGT/Centre, Mohamed Azira, des représentants des ministères du Tourisme et du Commerce, a d'emblée fait connaître les préoccupations et les inquiétudes des travailleurs sur l'idée de privatiser cet établissement, une position qui rejoint les déclarations fulminantes de M. Brahmi. “L'ancien directeur doit restituer les chambres” Sur la situation socio-économique de l'hôtel, il dira que cette dernière s'est nettement améliorée depuis l'arrivée de l'actuel directeur. “La masse salariale a doublé et les conditions de travail sont meilleures. Les travailleurs perçoivent entre 40 et 44% de PRI et PRC depuis quelques mois”, déclare-t-il. Il n'ira pas avec le dos de la cuillère pour fustiger l'ancien directeur dont il avait, avec ses collègues, demandé le départ en 2002. Il demandera à la tutelle de prendre les mesures qui s'imposent afin de “récupérer les chambres commerciales occupées jusqu'à présent par l'ancien directeur”. Il rappellera à l'assistance que ce dernier devait libérer les chambres dès décembre 2002. Et qu'un délai lui a été accordé jusqu'à la fin de l'année scolaire 2002/2003. En chiffres, il expliquera que le préjudice financier causé à l'établissement (hébergement et restauration) frôle le milliard de centimes. En marge de cette assemblée, le directeur de l'hôtel fera remarquer que l'ancien gestionnaire se réfugie derrière son statut de député, brandissant à toute occasion l'article 105 de la Constitution et l'article 2, en sa qualité d'élu à l'APN. “L'hôtel a subi des dégradations causées par des infiltrations d'eau répétées provenant de l'une des chambres. Nous avons été obligés d'enlever la porte du couloir qu'il avait condamnée et ce, afin d'accéder aux conduites communes. Le plafond de la salle de restauration, ayant pris beaucoup d'eau, a fini par céder. Un pan est tombé sur la partie réservée aux maîtres et chefs de rangs qui, par miracle, étaient occupés avec les clients. Nous lui avons demandé, de la manière la plus correcte, de nous faciliter l'accès vers les chambres pour procéder aux réparations nécessaires, malheureusement, à chaque fois il y avait dérobade.” M. Sami a fait part à ses supérieurs de cette situation, laquelle n'a pas avancé d'un iota. Un silence qui laisse planer des interrogations, mais qui n'a pas empêché le directeur de prendre en charge les opérations urgentes pour sauver l'un des fleurons de l'hôtellerie nationale de “sombrer dans la dégradation”, sachant que le laisser dans l'agonie est synonyme d'une privatisation en catimini. Ainsi, l'on apprendra que sauver le Safir est désormais le programme politique de la direction, syndicat et travailleurs réunis. Des travaux de confortement des sous-sols ont été lancés. La bâche à eau, trouvée dans un état lamentable, et la cheminée qui menaçait de s'écrouler, ont été réparées. Les chambres du premier étage ont subi un lifting, alors que l'opération de dotation des chambres de nouvelles commodités, se poursuit. Concernant la chaufferie, le directeur affirme que, prochainement, un investissement sera lancé dans ce cadre avec l'acquisition de turbines munies de gaines d'aération. De même que la direction envisage de revoir les contrats de location des locaux commerciaux attenant à l'hôtel et ce, dès que ces derniers arriveront à terme. Notons que, selon M. Sami, les passations de consignes n'ont jusqu'à présent pas été formalisées avec l'ancien responsable. Notre tentative de prendre attache avec le DG de l'EGT/Centre s'est soldée par un échec. A. F.