Résumé de la 41e partie n Kay demande à Audrey si elle pratiquait un sport ce à quoi elle répond le tennis.… Le teint de Mary vira à l'écarlate et elle s'empressa d'enchaîner : — Qui est le plus généreux, d'entre nous ? Allons, comparons nos petits doigts. Les miens sont plus courts que les vôtres, Kay. Mais je crois que Thomas me bat. — Moi, je vous bats tous les deux, intervint Neville en étalant une main sur la table. Regardez ! — Oui, mais d'une main seulement, le corrigea Kay. Ton petit doigt de la main gauche est court, mais celui de la droite est bien plus long. La main gauche, c'est ce que tu as reçu en naissant. La droite, c'est ce que tu fais de ta vie. Et ça, ça veut dire que tu es né généreux, mais que tu es devenu égoïste en vieillissant. — Vous lisez les lignes de la main, Kay ? demanda Mary Aldin en tendant sa paume. Une diseuse de bonne aventure m'a prédit que j'aurai deux maris et trois enfants. Il faudrait que je me dépêche ! — Ces petites croix, pontifia Kay, ce ne sont pas des enfants. Ce sont des voyages. Ça veut dire que vous irez trois fois au-delà des mers. — Ça me paraît tout aussi improbable ! — Vous avez beaucoup voyagé ? questionna Thomas Royde. — Non, jamais. Ou si peu... Il perçut dans sa voix comme un regret. — Et cela vous tenterait ? — Plus que tout. Avec sa lenteur habituelle, il réfléchit à la vie qu'elle menait. Toujours aux petits soins avec une vieille femme. Calme, pleine de tact, maîtresse de maison accomplie. — Depuis combien de temps vivez-vous avec lady Tressilian ? s'enquit-il avec curiosité. — Bientôt quinze ans. Je me suis installée auprès d'elle à la mort de mon père. Depuis quelques années déjà, il était totalement impotent. Elle choisit de répondre aussi à la question qu'il n'avait pas posée : — J'ai trente-six ans. C'est ce que vous vouliez savoir, n'est-ce pas ? — Je me le demandais, reconnut-il. Vous pourriez... vous pourriez avoir n'importe quel âge, vous savez. — C'est une remarque à double sens. — Peut-être, oui. Mais je n'y mettais aucune malignité. Le regard sombre de Thomas ne quittait pas le visage de Mary, mais il était si évidemment dépourvu de malice qu'elle n'en ressentait aucun embarras. Il exprimait un intérêt véritable, sans arrière-pensée. Voyant qu'il observait ses cheveux, elle porta la main à son unique mèche blanche. — Je l'ai depuis mon adolescence, expliqua-t-elle. — Elle me plaît, répliqua-t-il simplement. Il continuait de lui étudier les traits. A la fin, elle questionna, une nuance d'amusement dans la voix : — Alors, votre verdict ? Il rougit sous son hâle. — Oh, c'était probablement très grossier de ma part de vous dévisager comme ça. Mais je me demandais... je me demandais qui vous êtes en réalité.