Résumé de la 42e partie n Thomas ne quittait pas le visage de Mary, il était si dépourvu de malice qu'elle n'en ressentait aucun embarras... ` Oh, je vous en prie ! balbutia-t-elle. Elle se leva de table précipitamment et, passant son bras sous celui d'Audrey, l'entraîna vers le salon. — Le vieux Mr Treves viendra lui aussi dîner demain soir, lui confia-t-elle. — Qui est-ce ? demanda Neville. — Un vieux monsieur délicieux. Il nous a fait parvenir une lettre d'introduction de Rufus Lord. Il est descendu au Balmoral Court. Il a le cœur patraque et on jurerait qu'il est fait de verre filé, mais ses facultés intellectuelles demeurent intactes, et il a connu une foule de gens intéressants. Il était avocat, ou avoué... J'avoue que je ne m'en souviens pas. — Il n'y a vraiment que des vieux débris, dans ce coin, bougonna Kay. Elle se tenait sous un haut lampadaire. Thomas Royde, qui regardait dans sa direction, lui accorda l'intérêt qu'il portait à tout ce qui occupait momentanément son champ de vision. Soudain, il fut frappé par sa beauté, intense et passionnée. Une beauté radieuse, expression d'une vitalité triomphante. Il observa alors Audrey, pâle et effacée dans son tailleur gris argent. Il esquissa pour lui-même un sourire. — Rose-Rouge et Blanche-Neige, murmura-t-il. — Que dites-vous ? Mary était tout contre lui. — Rose-Rouge et Blanche-Neige, répéta-t-il. Comme dans ce vieux conte de fées... — C'est une très bonne description, convint Mary. Mr Treves dégustait son porto à petites gorgées, en connaisseur. Un vin mieux que convenable. Et un dîner parfaitement apprêté et servi. A l'évidence, lady Tressilian n'avait pas de problèmes domestiques. Malgré l'invalidité de la maîtresse de céans, la maison elle aussi était menée avec bonheur. Un seul regret, peut-être : que les dames ne se soient pas retirées quand on avait fait circuler la carafe. Il eût préféré que la vieille tradition soit respectée. Mais la génération montante a ses habitudes. Il regardait d'un air méditatif la jeune femme à l'éclatante beauté qu'était l'épouse de Neville Strange. Ce soir-là, c'était vraiment la soirée de Kay. A la lueur des bougies, son éclat irradiait toutes ses brillances. A côté d'elle, Ted Latimer inclinait vers la sienne sa tête aux cheveux noirs calamistrés. Il la mettait en valeur. On la sentait triomphante et sûre d'elle. La seule vue d'une vitalité aussi rayonnante réchauffait Mr Treves jusqu'au tréfonds de ses vieux os. La jeunesse... Rien de tel, décidément, que la jeunesse. Pas étonnant que son mari ait perdu la tête et quitté sa première épouse. Audrey était assise à ses côtés. Une créature délicieuse, et une vraie dame - mais aussi le genre de femme qu'on finit invariablement par délaisser, ainsi que l'expérience l'avait appris à Mr Treves.