Résumé de la 58e partie n Sur la plage que dominait l'Easterhead Bay Hotel, Audrey et Mary regardent séloigner Ted Latimer et Kay… Dommage que quoi ? jeta Audrey. — J'allais dire qu'il était bien dommage que Neville et elle se soient rencontrés, répondit lentement Mary. Audrey se redressa vivement. Son visage avait pris ce que Mary appelait, en son for intérieur, son «masque glacial». — Je vous demande pardon, Audrey, s'empressa de s'excuser Mary. Je n'aurais jamais dû dire ça. — Je préférerais... je préférerais ne plus aborder ce sujet, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. — Bien sûr, bien sûr. C'était stupide de ma part. J'espérais... j'espérais que vous aviez surmonté tout cela, j'imagine. Les traits d'Audrey avaient retrouvé leur sérénité. Elle tourna la tête avec lenteur. — Mary, je peux vous donner l'assurance qu'il n'y a plus, en ce qui me concerne, rien à surmonter. Cela ne m'inspire aucune sorte de ressentiment. J'espère... oui, j'espère que Kay et Neville seront toujours heureux ensemble. — Vous êtes si bonne, Audrey. — Ce n'est pas de la bonté. Ce n'est que... la vérité. Et puis je suis absolument convaincue qu'il ne sert à rien de remâcher le passé. De répéter «quel dommage que ceci, ou cela, soit arrivé». Ce qui est fini est fini. Pourquoi s'y attarder ? Nous avons tous à continuer de mener nos vies, jour après jour. — Je crois, reconnut Mary ave simplicité, que si des gens comme Kay et Ted m'exaspèrent à ce point c'est parce que... parce qu'ils sont incroyablement différents de tous ceux que j'ai jamais rencontrés. — Oui, probablement. — Même vous, Audrey, fit Mary, soudain amère, vous avez eu une existence et vécu des expériences que, moi, je ne connaîtrai sans doute jamais. Je sais bien que vous avez été malheureuse... très malheureuse. Mais je ne peux m'empêcher de penser que, même cela, ça vaut mieux que... oui, mieux que rien. Le vide ! Elle avait mis dans ce dernier mot une sorte de fureur. Audrey écarquilla les yeux et la dévisagea, étonnée. — Je n'aurais jamais cru que vous puissiez éprouver tant d'amertume. — Ah bon ? Comme pour s'excuser, Mary émit un petit rire. — Ce n'était qu'une petite crise d'aigreur, ma chérie. Il ne faut pas y attacher d'importance. — Ce ne doit pas être très gai pour vous, Mary. Toujours enfermée ici avec Camilla, si gentille soit-elle. Lui faire la lecture à haute voix, faire marcher la maison, sans jamais pouvoir vous évader... — Je suis bien logée et bien nourrie. Des milliers de femmes ne peuvent en dire autant. Et je vous assure, Audrey, que je ne me plains pas. Elle sourit. — Et puis j'ai mes petites distractions personnelles. (à suivre...)