Il existe trois catégories de personnes abandonnées par leur famille. La première est celle des personnes âgées, dites normales, la seconde celle des malades mentaux et la dernière est celle des handicapés. Selon les psychologues qui font cette classification, la première catégorie comprend dans sa majorité des célibataires dont le vécu social et psycho-relationnel est défavorable. Orphelines depuis la naissance ou à un âge précoce, ces personnes ne se souviennent, parfois, pas de leur famille et vivent au jour le jour sans attache familiale. Elles ne pensent pas à leur avenir ou à fonder un foyer et se retrouvent, à cause des difficultés financières, à la rue. Les plus jeunes se retrouvent sans but dans la vie tandis que leurs aînés souffrent de rejet. Pour les personnes mariées, la rupture est très mal vécue autant pour les hommes que pour les femmes. La psychologue du foyer de Dely Ibrahim, qui cite l?exemple de deux pensionnaires abandonnées par leurs enfants, précise que le drame de ces personnes a commencé avec le mariage de leurs fils. Le conflit avec la belle-fille devient, ainsi, la cause directe de la rupture des liens mère-fils. «L?homme incrimine sa mère alors qu?il la connaît mieux que sa femme. Il oublie qu?il a vécu auprès d?elle depuis sa naissance et qu?il connaît son caractère et son comportement avec les autres.» Le fils oublie, également, son devoir sacré de prendre soin de sa mère même si elle a des défauts et qu?il ne doit pas fuir ses responsabilités, en restant à ses côtés jusqu?à son dernier souffle. L?idée de l?abandonner ou de faire pression sur elle pour qu?elle quitte le domicile est inadmissible. Malheureusement, cela arrive ! Notre interlocutrice a évoqué, en outre, le cas des parents qui sont éloignés du domicile familial pour que l?un des enfants accapare le logement. «Il n?hésite pas à chasser sa mère qui a fondé ce foyer ou sa s?ur qui y a vécu toute sa vie sous prétexte qu?il ne veut pas vivre à l?étroit avec sa petite famille ou sa nouvelle épouse.» Sachant pertinemment que le centre refuse d?accueillir les mères, les s?urs ou les épouses, accompagnées de leurs parents pour ne pas encourager ce type d?abandon, certains préfèrent déposer leurs parentes discrètement à l?entrée du centre et prendre aussitôt la fuite. D?autres optent pour la pression que ce soit par la maltraitance, l?agression physique ou le harcèlement pour rendre la vie de leur parente insoutenable. Leur mère n?a même pas le droit de toucher à la nourriture ou à prendre ses petits-enfants dans ses bras sans «autorisation».