La «poudre de serpent», que nous avons évoquée précédemment, et qui était préconisée pour les maladies du sang, se préparait de diverses façons. Suzanne Foinard en donne la recette des médecins européens du Moyen-Âge et de la Renaissance. «La poudre de serpent se prépare ainsi : prenez les cendres blanches de six couleuvres calcinées dans un pot de terre bien bouché, n'ayant qu'une petite ouverture au-dessus du couvercle ; ajoutez à ces cendres des racines d'angélique, de valériane, de tormentille et d'éclaire, séchées et réduites en poudre dont la dose est la grosseur d'une noisette.» Une autre technique, plus ancienne, a pour auteur un médecin crétois, Andromaque l'Ancien, qui vivait à Rome au premier siècle de l'ère chrétienne. «Choisissez, écrit-il, à la fin de l'automne ou au printemps, des vipères longues, pesantes, à l'œil vif, au museau retroussé. Coupez-en la tête, enlevez les entrailles et la peau ; faites bouillir leur tronc écorché dans de l'eau, avec un peu de sel. Puis pressez légèrement la chair cuite après qu'elle se sera détachée des os et mélangez-la à du pain sec.» Au XVIe siècle, Jérôme Cardan, médecin, philosophe et mathématicien italien qui a donné son nom au cardan, ce système formé de deux anneaux mobiles, emboîtés l'un dans l'autre et permettant de maintenir un corps en position invariable, malgré les mouvements de son support, a aussi préconisé le serpent comme remède : «la chair, écrivait-il, se mange cuite, le bouillon se boit, et la graisse sert à frictionner la colonne vertébrale et les jointures!»