Caractéristiques n Le gnaoui est un genre musical qui, depuis quelques années, voire près d'une décennie, est en vogue. Des jeunes, adeptes de ces sonorités spécifiques et imagées, sonorités puisées dans l'ancestralité et revêtant une authenticité culturelle, s'y adonnent avec autant d'entrain que d'innovation. «Il y a effectivement une mode gnaoui», dira Karim Ziad, musicien et compositeur. Et de regretter : «Seulement on peut constater que nombre de ces jeunes s'emploient à faire un mélange et des fusions tout en s'écartant de la tradition et en altérant aussi bien son esprit que son âme.» «C'est bien de jouer du gnaoui parce que c'est une manière de le pérenniser, mais il ne suffit pas de faire du collage et des fusions jusqu'à le mélanger et l'atténuer dans d'autres styles de musique», ajoute-t-il. Et de poursuivre : «Il est fort intéressant, certes, de l'habiller d'autres influences musicales, de l'emmener hors de son contexte originel, c'est-à-dire vers l'universalité, mais en lui gardant son âme et préservant son essence.» «Il faut savoir créer des sons et allier l'élément traditionnel à l'innovation moderne», indique-t-il. Karim Ziad regrette ainsi que des jeunes, notamment par manque d'expérience, s'adonnent maladroitement – parfois n'importe comment – à la musique gnaouie qui, elle, requiert dextérité, savoir-faire et aptitude à se livrer au jeu musical avec un esprit imaginatif et avec une profonde sensibilité. «Il est indispensable d'être sensible à ce qu'on joue. Il faut en avoir une profonde conviction», relève-t-il. Pour Karim Ziad, faire de la musique ganouie, c'est d'abord s'y intéresser. «Il faut comprendre la musique ganouie, s'intéresser à ce qu'elle véhicule», dit-il. Et de poursuivre : «Quand on fait un mélange, il faut savoir quoi mélanger et à quel moment fusionner.» Ainsi, la fusion se révèle à un moment de création et aussi de réflexion. C'est entamer une recherche aussi bien sur les sonorités que sur les rapports entre les différents sons, créant alors un état d'harmonie et d'équilibre acoustique. Une fusion est une aventure artistique. «Faire une fusion, c'est avant tout chercher une démarche consistant à dépister l'harmonie même du gnaoui. Autrement dit, travailler sur un aspect harmonique», explique-t-il. Et d'ajouter : «Il faut apprendre à être un bon musicien, à faire la bonne musique, c'est-à-dire à composer, à créer.» Karim Ziad, directeur artistique du Festival international d'Essouera (Maroc), a à son actif plusieurs scènes et albums. En ce moment, il est en train de préparer un nouvel album qui, selon l'artiste, sortira en janvier 2010 et comportera onze titres. «C'est un album que j'ai fait avec Hamid El-Kasri», dit-il, tout en précisant : «Moi, je m'occupe de la partie composition et arrangement, quant à la partie chant, elle revient à Hami El-Kasri.» «L'album comprendra deux créations et le reste ce sont des reprises.» Une tournée avec l'orchestre philharmonique d'Amsterdam est en préparation et un concert avec Khaled est prévu l'année prochaine.