Musique n Les soirées gnaouies qui se déroulent au théâtre de verdure du Bois-des-Arcades sont entièrement dédiées aux musiques africaines et à toute l'Afrique. Le théâtre de verdure du Bois-des-Arcades (riad el-feth) continue de vibrer aux rythmes du goumbri (instrument à trois cordes), des karkabous et des percussions traditionnelles. Les soirées gnaouies, organisées depuis dimanche dans le cadre de la 2e édition du festival international de la musique gnaouie et qui se poursuivra jusqu'au 11 juillet, battent terriblement leur plein en sonorités et en tempos. Elles se déclinent sous les couleurs africaines. Ainsi, l'ambiance est totalement et authentiquement africaine. Jusque-là, ces soirées animées par des groupes internationaux de renom (Diwan el Waha d'Algérie, Maâlem Hassen Boussou du Maroc, Etienne M'bappé et Su La Take du Cameroun, Maâlem Samba Octet du Senégal…) font revivre en chacun des spectateurs ses origines ancestrales – c'est l'africanité qui s'y exprime avec beauté, splendeur et surtout générosité et chaleur – et des instants rares, fortement chargés de mysticisme et de spiritualité. Les participants à ce festival font ressusciter les ambiances d'antan – ces mêmes ambiances animées dans le temps par les confréries autant avec leur rituel religieux qu'avec leur caractère culturel et leur cérémonial traditionnel. Les soirées sont effectivement chaudes fougueuses, frénétiquement animées par des sons colorés, endiablés – à ce moment-là, le public, nombreux et connaisseur ou simple amateur, se laisse systématiquement et instantanément submerger par un flot extraordinaire de sons (le timbre est fort et l'accent est joyeux). Il entre dans des transes parfois incontrôlées – et soutenus par des instruments traditionnels comme le goumbri, mais auxquels viennent s'associer des sonorités modernes générées par des instruments, telle la basse ou la batterie. L'association est parfaite, générant des correspondances musicales régulières, équilibrées et belles – ces sonorités modernes n'altèrent à aucun moment l'authenticité et l'historicité du gnaoui. Bien au contraire, elles lui confèrent de belles tonalités au caractère allant. Par ailleurs, l'association habile et imaginée du traditionnel au moderne crée aussitôt des atmosphères métissées et épicées. Des atmosphères généreusement accueillantes. Aux musiques, viennent également se greffer des chants ; ceux-ci invoquent l'Eternel ainsi que les Saints marabouts dans une ambiance typiquement mystique. Il y a aussi de la danse qui s'y ajoute pour donner plus d'entrain et d'authenticité à tout cela, en somme pour enrichir le tableau. Le gnaoui se révèle en fait une peinture aux couleurs locales et chatoyantes. C'est une musique, une culture, un rituel, voire même un état d'esprit. C'est une musique qui a du caractère et de l'entrain.