Résumé de la 52e partie n La police a arrêté un suspect dans l'affaire de la malle sanglante de Kentish Town… Tu finirais par te faire prendre, Thomas, décréta Audrey de sa voix claire. — Je n'ai pas l'impression, non. — J'ai eu à connaître d'une affaire... Mr Treves s'interrompit et crut bon de paraître contrit : — La criminologie est mon péché mignon, voyez-vous. — Je vous en prie, continuez, supplia Kay. — J'ai une longue expérience des affaires criminelles. Et j'en ai vu bien peu qui aient de quoi fasciner. La plu-part des assassins conjuguent la médiocrité avec l'incapacité de voir plus loin que le bout de leur nez. Je pourrais toutefois vous conter un exemple des plus intéressants. — Faites, insista Kay. J'adore les histoires de meurtre. Mr Treves se mit à parler lentement, en choisissant ses mots avec soin : — L'affaire concernait un enfant. Je ne vous en donnerai ni l'âge ni le sexe. Les faits sont les suivants : deux enfants s'amusaient avec des arcs et des flèches. L'un des deux décocha à l'autre une flèche si mal placée que la victime en mourut. Il y eut enquête. L'auteur de l'accident fatal était dans tous ses états et son désespoir suscita un élan de sympathie et d'innombrables manifestations de pitié. — Et ce fut tout ? demanda Ted Latimer. — Ce fut tout. Un accident regrettable. Mais il est, voyez-vous, un tout autre aspect à cette histoire. Un paysan des environs avait emprunté peu auparavant un sentier qui serpentait dans un bois voisin. Et là, dans une clairière, il avait remarqué un enfant qui s'entraînait au tir à l'arc. Mr Treves se tut afin que tous puissent s'imprégner de ses paroles. — Vous voulez dire, questionna Mary Aldin, incrédule, qu'il ne s'agissait pas d'un accident ? Que c'était... voulu ? — Je l'ignore. Je ne l'ai jamais su et je ne le saurai jamais, répliqua Mr Treves. Mais ce qui est certain, c'est qu'on avait soutenu aux enquêteurs que les enfants ignoraient tout des arcs et des flèches, et qu'ils avaient tiré à tort et à travers, sans savoir ce qu'ils faisaient. — Ce qui n'était pas le cas ? — Ce qui, pour l'un des enfants en question, n'était certainement pas le cas. — Qu'a fait votre paysan ? interrogea Audrey. — Rien. Qu'il ait eu tort ou raison de se taire, je n'ai jamais pu en décider. C'était, il est vrai, l'avenir tout entier d'un enfant qui était en jeu, et il s'est probablement dit qu'un enfant avait droit au bénéfice du doute. — Mais vous, personnellement, insista Audrey, vous n'avez aucun doute sur ce qui s'est réellement passé ? — Personnellement, répondit Mr Treves avec gravité, je suis de l'avis qu'il s'agissait là d'un meurtre particulièrement ingénieux, commis par un enfant qui l'avait préparé avec soin et dans le moindre détail. Ted Latimer intervint : — Il y avait un mobile ? — Oh oui, il y en avait un. Plusieurs, même. Des disputes enfantines, des paroles blessantes –, assez pour susciter la haine. Les enfants ont la haine facile... (à suivre...)