Au moins 87 personnes - 128 selon l'opposition - ont été tuées par balles et deux chefs de l'opposition blessés au cours d'une manifestation. C'est la première fois que la junte écrase une manifestation dans la violence depuis qu'elle a pris le pouvoir il y a neuf mois. Hier, lundi, à la mi-journée, plusieurs dizaines de milliers de manifestants s'étaient rassemblés dans le plus grand stade de Conakry pour dire leur opposition à l'éventuelle candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle prévue en janvier prochain. Après l'intervention des forces de sécurité, venues évacuer le stade, «il y a 87 corps qui ont été ramassés dans et autour du stade après le passage des militaires», a indiqué un responsable de la police sous le couvert de l'anonymat. Un peu plus tôt dans la journée, un médecin d'un Centre hospitalier universitaire avait lancé : «C'est une boucherie ! Un carnage.» Une autre source médicale à Conakry a assuré qu'un camion militaire était venu pour ramasser des «dizaines de corps», emmenés vers «une destination inconnue». Un membre de la Croix-Rouge a également évoqué «une volonté de dissimuler les corps des victimes». Dans la matinée, les forces de sécurité avaient d'abord dispersé des opposants à coups de matraques et de grenades lacrymogènes et arrêté des dizaines de personnes. Puis, le stade qui compte officiellement 25 000 places, s'était rempli d'une foule débordant jusque sur la pelouse et aux abords, quand des tirs ont été entendus. L'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, candidat à l'élection présidentielle a raconté que des militaires lui ont «cassé deux côtes» et l'ont blessé à la tête «à coups de crosse». Jusqu'à présent, le capitaine Dadis Camara soulignait volontiers que l'armée avait pris le pouvoir «sans effusion de sang», le 23 décembre 2008, au lendemain du décès du président Lansana Conté.