Réaction n L'Union européenne affirme qu'elle prépare des sanctions ciblées contre les auteurs des violences. Réservant leur réponse quant à la proposition faite, lundi, par le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, qui consiste à entamer «un dialogue politique» avec la junte, les principaux dirigeants de l'opposition se sont concertés hier. Puis, au terme d'une réunion parfois houleuse, le Forum des forces vives (partis d'opposition, syndicats, société civile) a décidé qu'il ne participerait pas à une telle rencontre, tant que six de ses exigences ne seraient pas satisfaites. Sans refuser le dialogue ni la rencontre prévue à Ouagadougou, l'opposition place ainsi la barre très haut. Le premier préalable cité est «le départ du chef de la junte, l'arrestation des responsables du massacre du 28 septembre, la dissolution du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, junte), et la mise en place d'un organe de transition qui désignera un gouvernement d'union nationale». De jeunes officiers s'étaient emparés du pouvoir en décembre, au lendemain du décès du dictateur Lansana Conté qui dirigeait la Guinée depuis 1984. Neuf mois après, le 28 septembre, les forces de défense et de sécurité ont réprimé dans un bain de sang un immense rassemblement de sympathisants de l'opposition pour dire «non» à la probable candidature du capitaine Dadis Camara à la présidentielle prévue début 2010. Selon l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme, 157 personnes ont alors été tuées et 1 200 blessées dont plusieurs dizaines de femmes publiquement violées par des soldats. La junte a présenté un bilan officiel de «56 civils tués.» Du coup, au nombre de ses préalables, l'opposition exige «la mise en état d'arrestation des responsables qui ont conduit les opérations au stade et qui ont été nommément identifiés par plusieurs témoins, et leur traduction devant la justice.» Elle exige également «la restitution de toutes les dépouilles mortelles à leurs familles respectives», la «libération sans conditions de toutes les personnes arrêtées» et même «la sécurisation de la population civile, des leaders politiques et sociaux ainsi que des diplomates.» Au terme de la visite de M. Compaoré, lundi dernier, le capitaine Moussa Dadis Camara n'avait pas fait de commentaires. Seul son conseiller a répété que la junte comptait mettre en place «une commission nationale et internationale d'enquête pour faire la lumière sur les évènements du 28 septembre.» «Il faut situer les différentes responsabilités, de la part de ceux qui ont organisé une marche interdite et de la part de ceux qui ont tiré», a dit M. Cherif, ajoutant aussitôt : «De toute façon, on ne sait pas qui a tiré, qui n'a pas tiré. On ne sait pas qui a fait quoi, si ce n'était pas un sabotage pour saper le régime...» Mais la junte se trouve, plus que jamais, sous la pression de la communauté internationale.