«Le 28 septembre 2009 est désormais symbole d'une violence et d'une incroyable série d'affrontements qui a semé la désolation dans plusieurs familles», a déploré M.Dadis Camara. Le chef de la junte au pouvoir en Guinée a appelé hier ses opposants à renouer le «dialogue» alors que le pays célèbre dans la désolation le 51e anniversaire de son indépendance, après la répression sanglante d'une manifestation lundi à Conakry. Le capitaine Moussa Dadis Camara est arrivé hier peu avant 10h (locale et GMT) devant le Monument des martyrs à Conakry pour les cérémonies de commémoration. Il a salué les militaires ainsi que les dignitaires civils et religieux devant une foule très clairsemée de quelques centaines de personnes. Un important déploiement des forces de sécurité était visible. L'an dernier, l'ex-colonie française fêtait ses 50 ans de «liberté» en plein marasme: le général-président Lansana Conté, au pouvoir depuis 24 ans, n'était même pas apparu en public. Deux mois avant sa mort, le dictateur de 74 ans était très affaibli par ses maladies et la contestation populaire de son régime, brutalement réprimée par l'armée qui n'hésitait pas à tuer. Depuis, Conté est mort, le 22 décembre 2008. De jeunes officiers ont pris le pouvoir dès le lendemain. Et le capitaine Moussa Dadis Camara, président autoproclamé de la Guinée, a d'abord été applaudi par une bonne partie de la population, qui lui faisait confiance pour lutter contre la corruption, le trafic de drogue, la misère, et remettre le pouvoir à un président civil. Neuf mois plus tard, la conservation règne à Conakry: les forces de sécurité y ont de nouveau déchaîné la violence, lundi, contre des manifestants qui protestaient par dizaines de milliers contre «l'usurpation du pouvoir» par les militaires et la possible candidature du chef de la junte à la présidentielle. Au moins 56 civils ont été tués, selon la junte, plus de 150 selon une ONG et l'ONU. «Le 28 septembre 2009 est désormais symbole d'une violence et d'une incroyable série d'affrontements qui a semé la désolation dans plusieurs familles», a déploré M.Dadis Camara, lisant un discours à la télévision nationale dans la nuit de jeudi à vendredi. Mais le capitaine putschiste n'a pas du tout évoqué la responsabilité des forces de sécurité et de la junte dans la tuerie. Son discours avait surtout la forme d'un bilan-programme, bien qu'il ne se soit pas encore prononcé sur son éventuelle candidature à la présidentielle de janvier, rejetée par la communauté internationale. Le capitaine putschiste a également appelé à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale. Mais «le dialogue interne est devenu impossible» avaient répondu, par avance, les «forces vives» (partis d'opposition, syndicats, société civile) dans un communiqué. Assurant que les manifestants, au stade, avaient été «piégés, brutalisés, humiliés, violentés, violés, poignardés et tués par des escadrons drogués de l'armée», l'opposition juge que les premiers responsables du massacre sont bien le chef de la junte et le ministre de la Défense, le général Sékouba Konaté. Toute l'attention devait se porter hier sur les familles des victimes de la répression. Elles devaient, enfin, récupérer les corps de leurs morts à partir de 11h00 (locale et GMT) sur l'esplanade de la Grande mosquée de Conakry. La capitale semblait calme. Mais, signe de tension, la rentrée scolaire, normalement prévue lundi, a été reportée au 15 octobre. Et l'envoi des «SMS» a été coupé par les opérateurs téléphoniques, pour que les éventuels contestataires ne puissent pas diffuser d'appels à des rassemblements.