Expérience n «Il ne faut pas croire tout ce qu'on vous dit», affirme d'emblée Safia. Pour cette mère de famille de 60 ans qui vient de subir une ablation de la glande thyroïde, le goitre n'est pas causé par une carence en iode. «Je sais de quoi je parle», dit-elle avec beaucoup de conviction tout en précisant «avoir toujours mangé du poisson». «Pour votre information, je suis née près d'une plage oranaise. J'y ai vécu pendant des années et, de fait, j'ai consommé toutes sortes de poisson. N'empêche, j'ai eu un goitre multinodulaire.» Le facteur héréditaire ? Safia souligne que personne dans sa famille n'a été atteint par cette maladie qui est due, selon elle, à une souffrance intérieure : «Personnellement, j'ai eu pas mal de problèmes dans ma vie. C'est cela qui a été à l'origine de mon goitre.» Elle explique d'ailleurs que cette maladie est appelée dans la région d'Oran el-oubra, «ce qui signifie avoir la gorge nouée tellement on souffre». Comment cette mère d'une fille d'une quinzaine d'années a-t-elle découvert qu'elle est goitreuse ? «En octobre 2008, juste après le carême, j'ai ressenti une fatigue indescriptible, j'éprouvais toutes les peines du monde à me déplacer. De plus, j'avais des insomnies. J'ai consulté mon médecin qui m'a demandé de faire toute une série d'analyses qui n'ont rien révélé. J'ai dû faire une échographie pour découvrir que je souffre d'un goitre vieux de plusieurs années», raconte-t-elle. Dès lors, l'intervention chirurgicale s'imposait. Mais l'entourage de Safia était opposé à cette «solution extrême». «Tout le monde me déconseillait cela», se souvient-elle. Néanmoins et après avoir pesé le pour et le contre, elle a décidé de suivre les conseils de son médecin et d'en finir, une bonne fois pour toutes, avec cette maladie : «J'étais hésitante, des médecins m'ont dit que l'intervention n'est pas facile et cela m'a fait peur, j'ai beaucoup réfléchi et j'ai fini par prendre la décision de me faire opérer.» Selon Safia, son opération qui a duré quelque 3 heures, ne s'est pas déroulée dans de très bonnes conditions : «Certes, je n'ai pas ressenti de douleurs mais à mon réveil, je me suis retrouvée sans voix.» «Dieu merci, je n'ai pas eu de complications mais si c'était à refaire, je ne le referais pas franchement», affirme-t-elle d'une voix à peine audible. Et d'ajouter : «L'intervention chirurgicale, ce n'est pas du gâteau.» Même si sa glande thyroïde a été enlevée, Safia devra prendre un traitement toute sa vie. «C'est mon destin», conclut-elle.