Résumé de la 51e partie n Kay demande à Ted de prendre ses quartiers au Balmoral Court, ce dernier refuse… Sensible au malaise ambiant, Mary Aldin se hâta de détourner la conversation sur un sujet dont les quotidiens faisaient leurs choux gras : — J'ai vu que la police a arrêté un suspect dans l'affaire de la malle sanglante de Kentish Town. — C'est le deuxième, riposta Neville Strange. J'espère que, cette fois, c'est le bon. — Même si c'est lui le coupable, il n'est pas sûr qu'ils puissent le garder très longtemps, observa Mr Treves. — Manque de preuves ? questionna Thomas Royde. — Oui. — Et pourtant, avança Kay, je suis bien sûre qu'au bout du compte les policiers trouvent toutes les preuves qu'ils veulent. — Pas toujours, petite madame. Si vous saviez le nombre de criminels qui circulent dans le pays en toute liberté, vous n'en reviendriez pas. — En liberté parce qu'ils n'ont jamais été démasqués ? — Oui. Mais pas seulement. Mr Treves cita une affaire qui avait défrayé la chronique deux ans auparavant : — La police sait qui a assassiné ces enfants - et le sait sans qu'il y ait l'ombre d'un doute -, mais elle n'y peut rien. Deux personnes différentes ont fourni un alibi au meurtrier. Et quoique ces alibis soient faux comme des jetons, les policiers sont bien incapables de le prouver. Notre assassin peut ainsi se baguenauder comme il le veut, libre comme l'air. — C'est épouvantable, déplora Mary. Thomas Royde tapota sa pipe pour la vider. — Cela ne fait que confirmer ce que j'ai toujours pensé, énonça-t-il, pensif. Il est des moments où l'on a pleinement le droit de se substituer au bras séculier. — Qu'entendez-vous par là, Mr Royde ? Thomas s'occupait à rebourrer sa bouffarde. Attentif à surveiller ses gestes, il s'exprima en phrases hachées : Imaginez que vous ayez... connaissance d'une saloperie... que vous sachiez... vu la législation existante... que le coupable ne risque rien. Dans un cas pareil, moi, je crois que... qu'on a le droit d'exécuter la sentence. — Voilà bien une doctrine dangereuse ! s'échauffa Mr Treves. Rien ne saurait justifier un tel acte ! — Je ne vois pas pourquoi. Je pars, évidemment, de l'hypothèse que les faits sont bien établis. Et que seule la loi est impuissante. — Rien ne saurait excuser l'exercice d'une justice privée. Thomas Royde eut un sourire d'une douceur infinie. — Je ne partage pas votre point de vue, Mr Treves. Si un homme a bel et bien mérité d'être pendu haut et court, je ne verrais aucun inconvénient à lui passer moi-même la corde au cou ! — Et vous auriez du même coup des comptes à rendre à la justice Thomas ne perdit pas le sourire pour autant. — Il va de soi que je serais prudent. C'est le genre de cas où il faut savoir agir en douce. (à suivre...)