Partout dans nos villes, à Alger, Oran, Constantine, Sétif, Tlemcen, Annaba, Miliana et ailleurs, les seuls espaces verts qui ont pu survivre sont généralement des jardins, des squares, des parcs ou des arbres hérités de la période coloniale. Qu?elles sont belles ces villes de Tlemcen et de Miliana dans leurs écrins de platanes centenaires, à l?ombre desquels des vieillards apaisés regardent filer le temps. Tous les nombreux quartiers et autres cités dortoirs qui ont été érigés depuis sont désolés et nus comme la paume de la main. Les espaces verts y sont comme proscrits, comme maudits. Faites donc un voyage par la route, entre Tébessa et Tiaret. Dans toutes les immensités steppiques que vous allez traverser, vous ne verrez que monotonie désertique. Les dechras et autres maisons disséminées ici et là sont plantées en plein soleil entre les immensités du ciel et de la terre sans un seul arbre pour les abriter. La cause de cette étrange carence n?est pas due au manque d?eau, puisque vous pouvez rencontrer sur ces terres d?affliction, des bosquets luxuriants. L?explication doit être recherchée ailleurs. Quelque part dans nos atavismes bédouins, nous avons dû garder cette haine de l?arbre qui arrête la vue et qui rend mal aisée la pratique du pastoralisme. les chèvres qui paissent en liberté sont d?ailleurs les ennemis mortels des espèces sylvestres. Cette hypothèse est d?autant plus plausible que les populations des montagnes, qui vivent dans des sites généralement boisés, n?en plantent pas moins des oliviers, des figuiers, et autres arbres fruitiers. Dans les villes, c?est notre appartenance bédouine qui doit être prédominante, puisque non seulement l?on n?y plante pas d?arbres mais l?on détruit ceux qui ont poussé par accident. Malgré la loi qui interdit de couper les arbres, même ceux qui sont dans l?enceinte des maisons. Il y a même des villes, comme Sétif, Batna ou Tébessa où l?on a rasé des bois entiers pour ériger des cités de laideur.