L'opposition à la junte au pouvoir en Guinée a catégoriquement rejeté les propositions du médiateur de la crise guinéenne, le président burkinabé Blaise Compaoré, qui préconisait un maintien des putschistes pendant une transition de 10 mois. Elle accuse en outre le médiateur d'avoir donné une prime à la junte dans ses propositions de sortie de crise. La délégation du Forum des Forces vives (opposition, syndicats et société civile) a pris la décision de rejeter le projet d'accord politique, tel qu'il lui a été soumis par la médiation, indique un communiqué de l'opposition. Les préoccupations fondamentales du peuple guinéen, exprimées par les Forces vives (...) n'ont pas été prises en compte dans le projet d'accord politique, précise le texte. Depuis le massacre fin septembre par les forces de sécurité de plus de 150 opposants, selon l'ONU, dans un stade de Conakry, l'opposition refuse tout dialogue avec les putschistes et exige le départ de la junte, arrivée au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat le 23 décembre 2008. Les Forces vives menacent de récuser la médiation burkinabaise, se réservant le droit de consulter sa base en Guinée pour se prononcer sur cette décision. Pour l'opposition, les recommandations, résolutions et communiqués finaux de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), du Groupe international de contact sur la Guinée, de l'Union européenne ainsi que du Conseil de sécurité de l'ONU ont été purement et simplement ignorés. Notamment ceux relatifs à la non-candidature aux prochaines élections des membres du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, junte), de son président, du Premier ministre et des membres du gouvernement. Elle revendique la mise en place nouvelle autorité de transition. Après avoir rencontré séparément les deux parties à Ouagadougou depuis début novembre et recueilli leurs propositions, le médiateur Compaoré, nommé par la Cédéao, lui avait remis jeudi soir à Ouagadougou un document de synthèse. Dans ce texte, Compaoré propose notamment la mise en place d'un Conseil national de transition dirigé par le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, qui sera également chef de l'Etat et chef suprême des armées. Ce conseil est chargé de l'organisation de l'élection présidentielle dans un délai de 10 mois et le chef de l'Etat et tout membre du gouvernement voulant se présenter à l'élection présidentielle doit démissionner 4 mois avant le jour du vote pour se porter candidat. Aucune disposition n'interdit donc au chef de la junte de se présenter à ce scrutin. Sans surprise, la junte avait très vite exprimé sa satisfaction.