Déficit n Le manque d'aires d'exposition et le recul de l'activité touristique représentent un écueil devant le développement de l'artisanat algérien. La crise que connaît le tourisme dans notre pays n'arrête pas d'infliger une situation chaotique au secteur de l'artisanat. De nombreux artisans voient que le développement de l'artisanat est tributaire de celui du tourisme. Ce support principal dans la promotion du produit national, qui peine à démarrer, entraîne des pertes matérielles et morales à l'économie nationale. Frappé de plein fouet par cette situation, l'artisan algérien ne sait plus à quel saint se vouer. «Tant que le tourisme n'est pas réhabilité dans notre pays, l'ombre ne quittera pas nos produits», explique Ammi Driss, dinandier. Rencontré à la maison de l'artisanat de Oued Koriche avec son ami Lyès, également artisan, Ammi Driss avoue qu'il y a des jours où il sort bredouille de son atelier. «Je vous jure que, parfois, je passe des journées entières sans gagner même l'équivalent d'un sachet de lait», confie-t-il, les larmes aux yeux. «Nous sommes dans un état comateux», renchérit son ami. En visitant les différents ateliers, nous avons constaté que seuls les artisans et leurs apprentis occupent les lieux. Durant les deux heures et demie passées à l'intérieur de l'établissement, aucune personne étrangère à l'établissement n'a franchi la porte d'entrée. «C'est une zone classée orange sur le plan sécuritaire, comment voulez-vous que les gens viennent nous rendre visite. Les touristes étrangers, personnellement je n'en rêve même pas !», fait observer Lyès. Une situation qui n'enchante guère les locataires de la maison de l'artisanat de Oued Koriche qui regrettent amèrement d'avoir choisi de s'y installer. «Avant de venir ici, je payais un loyer élevé, certes, mais je faisais vivre ma famille et parfois je mettais même un peu d'argent de côté. Maintenant, je ne peux même pas subvenir aux besoins de ma famille en matière d'alimentation !», tonne un céramiste. Par ailleurs, dans la mesure où la plupart des artisans ne disposent pas de magasins et exercent, donc, leur activité à la maison, les produits artisanaux profitent plus aux commerçants et intermédiaires qu'aux producteurs. Parfois, même ceux disposant d'un magasin sont contraints de sous-traiter la vente de leurs produits et ce, à cause de la baisse enregistrée dans les ventes. Une sous-traitance qui n'est pas sans conséquences sur les maîtres artisans et l'artisanat. «La sous-traitance de la vente réduit non seulement notre marge de bénéfices, mais encore elle dévalorise notre métier à cause du manque dont souffrent les revendeurs en matière d'informations concernant le produit et qui sont souvent d'une grande importance chez l'acquéreur», explique Dahmane Ferhat, céramiste à Tizi Ouzou.