Chiffre n Toutes catégories confondues, le nombre des artisans inscrits au niveau des 31 chambres régionales de l'artisanat et des métiers au premier semestre 2008, avoisinait les 122 000. Ils font face quotidiennement à des difficultés innombrables qui les mettent à rude épreuve. Outre la nature pénible de certaines activités artisanales et le peu de rentabilité caractérisant d'autres, l'artisan trouve du mal à commercialiser ses produits. La plupart des filières sont confrontées à la cherté et au manque de matière première. Ce problème majeur a contraint de nombreux artisans à réduire leur activité ou carrément l'abandonner. «Les importateurs de matière première nous imposent leur diktat sur le plan de la quantité et de la qualité de la marchandise qu'ils nous vendent. Souvent, on attend deux à trois mois et plus quand il y a rupture de stock, ce qui cause une perte sèche pour l'artisan», tonne Mustapha Adjaout, céramiste à Alger, rencontré à Biskra, à l'occasion de la deuxième journée nationale de l'artisanat, organisée au début du mois en cours. Cette filière qui occupe une place importante dans le paysage artisanal du pays, souffre également de la vétusté des équipements utilisés dans le processus de production. Une bonne partie des céramistes ou de potiers travaillent avec des outils traditionnels ou des moyens modernes limités. C'est le cas, à titre d'exemple, de l'entreprise communale de l'artisanat traditionnel d'El-Kantra, dans la wilaya de Biskra. Créée en 1976, elle fonctionne avec de vieilles machines. Spécialisée dans la production de produits céramiques et potiers, cette entreprise fait travailler 28 personnes. «La rénovation de nos équipements s'impose comme une condition sine qua non pour augmenter les capacités de production et satisfaire nos commandes», indique Kamel Hafnaoui, gestionnaire de l'entreprise. Cependant, les artisans qui échappent au handicap de la matière première buttent sur celui de la commercialisation de leurs produits. Cet écueil est imputé à l'absence d'espaces commerciaux appropriés et surtout au recul de l'afflux des touristes étrangers que le pays accuse depuis quelque temps. «Les quelques touristes qui viennent de temps à autre, limitent au maximum leurs déplacements pour les raisons que tout le monde connaît», regrette Abderrahmane de Tougourt, spécialisé dans les produits de vannerie. Il estime, donc, que le développement de l'artisanat est tributaire de celui du tourisme. Des témoignages recueillis auprès de nombreux exposants ayant participé à la journée nationale de l'artisanat, il ressort que la plupart des artisans ne disposent pas de magasins et exercent, donc, leur activité à la maison. En conséquence, les produits artisanaux profitent plus aux commerçants et intermédiaires qu'aux producteurs. La conjugaison de tous ces problèmes rend la vie aux artisans des plus difficiles. Cela se répercute négativement sur les prix des produits locaux qui reviennent relativement chers. De ce fait, les clients se rabattent sur les produits bon marché souvent importés de Chine dont la qualité est loin d'égaler celle des produits locaux. Toutefois, afin d'insuffler un meilleur essor à l'industrie artisanale, qui représente 28,2% des employés du secteur de la PME et de l'artisanat, «l'Etat doit organiser des foires et des expositions à l'étranger, encourager, sensibiliser les artisans, les faire participer aux différentes manifestations dans le monde et même les doter en équipements modernes», a suggéré Borhane Sfia, président de l'Union arabe de l'artisanat (UAA). Selon lui, les produits de l'artisanat algérien n'ont rien à envier à ceux de la Tunisie, du Maroc et à ceux des pays européens.