Espoir n Les diplômés universitaires au chômage attendent, chaque année, le mois de septembre, pour tenter de décrocher un emploi en participant à différents concours de recrutement. Dès la première semaine du mois d'août, ils entament la préparation de dossiers (état civil, casier judiciaire et autres), leur permettant de postuler à un emploi. Pour la majorité des chômeurs, le domaine et le lieu de travail importent peu. Les conditions socio-économiques pénibles imposées par la cherté de la vie et le regard de la société les contraignent à opter même pour des emplois n'exigeant pas un diplôme supérieur. La manière est des plus simples : occulter le diplôme et ne présenter que les documents exigés. Mais Alger, la capitale du pays, reste la wilaya la plus sollicitée par les sans-emploi, sachant que la plupart des concours de recrutement s'y déroulent. Ces dernières années, puisque la rentrée coïncide avec le mois sacré, ils bravent les contraintes du jeûne et le long voyage pour déposer leurs candidatures. Salah, un ingénieur en génie civil, originaire de Skikda, est venu à Alger pour prendre part à trois différents concours organisés par des sociétés privées. «Je dois passer une dizaine de jours à Alger, une ville où je viens pour la première fois. J'ai envoyé ma candidature par voie électronique et après la réponse de la part de ces entreprises favorables à ma participation au concours de sélection, je suis venu tenter ma chance», nous raconte ce jeune ingénieur qui espère décrocher un poste d'emploi après plus de cinq ans de chômage. Notre interlocuteur affirme qu'il a éprouvé d'énormes difficultés pour arriver aux sièges des entreprises recherchées. «J'ai un concours à Chéraga, le lendemain, à Sidi Moussa et le dernier, dans trois jours, à Birtouta. Certaines personnes que j'ai sollicitées n'ont pas voulu m'indiquer les lieux. Je suis alors contraint de payer des taxis qui me déposent devant la porte de chaque entreprise…», soupire Salah. Il ne se contente pas de ces trois concours, puisque son cartable est plein de CV et de pièces d'état civil qu'il compte déposer là où un concours est annoncé. «Je suis déterminé à en finir avec le chômage cette année, Incha'Allah. Je suis même prêt à me déplacer vers d'autres wilayas. L'essentiel, c'est de trouver un boulot», dit-il. Il n'est pas rare de croiser dans les différentes rues d'Alger, durant la rentrée sociale, des jeunes venus d'autres régions du pays, chercher un emploi. Certains chômeurs font un lourd sacrifice en passant tout le mois de ramadan à Alger, «guettant» la moindre opportunité. C'est le cas de Samir, Hafidh et Hamou, trois jeunes amis venus de la commune de Kherrata (dans la wilaya de Béjaïa). Ils ont loué une chambre pour un mois dans un dortoir à la place des Martyrs. Ils sortent chaque matin en quête d'une chance de recrutement. «Nous nous déplaçons même aux zones industrielles de Blida, Rouiba et Baba Ali ainsi qu'à Tipaza et Boumerdès. Nous avons appris une chose : il faut se déplacer car l'envoi de CV par Internet ne mène à rien. Nous sommes licenciés en sciences de gestion et nous voulons exercer dans notre spécialité», témoignent les trois amis. Ils ne sont, en fait, qu'un échantillon qui renseigne sur les proportions alarmantes prises par le chômage dans notre pays…