Résumé de la 69e partie n Le choc éprouvé par lady Tressilian à la mort de Mr Treves s'est répercuté sur sa santé, ce qui préoccupe Mary… Ce matin-là, Mary Aldin se sentait à bout. — C'est en partie à cause de ce temps, cria-t-elle presque. Il n'est pas normal pour la saison. Il est vrai que l'on avait traversé une période étonnamment chaude pour un mois de septembre. Certains jours, le thermomètre avait frôlé les trente degrés à l'ombre. Neville, qui sortait de la maison, les avait rejoints au moment précis où elle vitupérait. — Vous accusez la météo ? interrogea-t-il, les yeux levés vers le ciel. C'est incroyable. Il fait encore plus chaud aujourd'hui. Et pas un souffle de vent. Ça met tout le monde à cran. Mais je pense que nous aurons de la pluie d'ici pas longtemps. Ça ne peut pas durer, on se croirait sous les tropiques. Thomas Royde s'était écarté discrètement, et il s'éclipsa. — Exit le sombre Thomas. Personne n'ira prétendre qu'il prend plaisir à ma compagnie. — Il est adorable, le défendit Mary. — Je ne suis pas d'accord. Un esprit étroit... des préjugés... — Il avait toujours espéré épouser Audrey. Et puis vous êtes arrivé et la lui avez soufflée sous le nez. — Il lui aurait fallu cent sept ans pour se décider à la demander en mariage. Il ne pouvait quand même pas s'attendre à ce que cette pauvre fille se languisse jusqu'à ce qu'il condescende à sauter le pas ! — Qui sait si maintenant son heure n'a pas sonné ? répliqua Mary en le regardant en face. Neville fronça les sourcils. — Le grand amour enfin récompensé ? Vous croyez qu'Audrey épouserait ce poisson froid ? Elle vaut mieux que ça. Non, je ne vois pas Audrey épouser le sombre Thomas. — Je crois qu'elle a beaucoup de tendresse pour lui. — Décidément, les femmes ont toutes des vocations de marieuses ! Vous ne pouvez pas laisser Audrey jouir un peu de sa liberté ? — Si elle en jouit autant que vous semblez le penser, pas de problème. — Vous croyez qu'elle est malheureuse ? questionna-t-il vivement. — Je n'en ai pas la moindre idée. — Moi non plus, je le reconnais, fit-il avec lenteur. On ne sait jamais ce qu'elle pense. Il s'interrompit une minute. — Audrey a une classe folle, reprit-il. C'est une dame, elle, jusqu'au bout des ongles. Il s'interrompit à nouveau. — Je me suis conduit comme le dernier des imbéciles ! cracha-t-il, plus pour lui-même que pour Mary. La mine soucieuse, Mary rentra dans la maison. — Plus que deux jours, répéta-t-elle pour la troisième fois. Neville arpentait le jardin. Il aperçut bientôt Audrey qui, assise sur le muret du fond, contemplait l'embouchure de la Tern. La marée en avait fait monter le niveau à son maximum. Elle se leva et vint à lui. (à suivre...)