Résumé de la 2e partie Dora a franchi la frontière avec un groupe de danseurs de l?Opéra. Son mari et sa fille devaient la rejoindre à Vienne? Au moment où elle descend de la voiture, devant sa maison, une voisine lui dit : «Je suis heureuse de vous voir ! Mais je vous préviens, la maison a souffert.» Les fenêtres n?ont plus de vitres. Un obus russe est entré dans la chambre de sa fille. Sur le plancher, dans les gravats et la poussière, elle trouve la poupée de l?enfant. Un éclat d?obus l?a décapitée. Ecrasée de fatigue, Dora s?endort dans un fauteuil. A peine une heure plus tard, le téléphone sonne. A demi-consciente, elle entrouvre les yeux. Devant elle, sur le mur familier, au-dessus du râtelier à pipes de son mari, un portrait de sa fille lui sourit. Brusquement, elle revient à la réalité. Elle court vers le téléphone qui sonne toujours dans l?appartement dévasté. Au bout du fil, elle entend une voix d?homme, sarcastique. C?est l?A. V. O. «Comment va notre grande étoile ? Heureuse de ce retour au foyer ? A propos, vous avez de bonnes nouvelles de la petite Dora ? Et votre mari, comment va le cher homme ?» Lorsqu?elle raccroche, Dora atteint le fond du désespoir. Elle est sans nouvelle de sa fille. Son mari, arrêté, doit être traduit devant un tribunal dont on ne peut attendre que le pire. La police la surveille et la garde sans doute sous la main pour un procès public et spectaculaire. C?est le plein hiver à Budapest. Il neige sur la ville. Le charbon est réservé aux membres du Parti et aux troupes soviétiques. Elle entend sans arrêt, par les fenêtres, des chars qui rôdent. Dans la semaine qui suit, le téléphone sonne trois ou quatre fois par jour. Des voix anonymes, perfides, lui annoncent que son mari vient, paraît-il, d?être condamné à mort, que sa fille aurait été arrêtée à la frontière avec les amis qui la convoyaient? Il y a aussi les anciens cadres de l?Opéra qui ont repris leur place et qui l?appellent pour l?insulter. Mais le pire, c?est cette poupée dont Dora ne peut se séparer : la poupée de sa fille, décapitée. Dès que la nuit tombe, pendant les quelques heures qui précèdent le couvre-feu, Dora parcourt Budapest à la recherche des amis qu?il est encore possible de joindre. Aucun d?eux ne peut lui donner des nouvelles de sa fille. Les personnes auxquelles son mari l?avait confiée avant son arrestation, ont mystérieusement disparu. Les jours passent dans cette affreuse solitude interrompue seulement par le supplice du téléphone. Noël arrive ainsi, et le Jour de l?An. Dora est toujours seule avec la poupée sans tête. Or, pendant tout ce temps, quelque part dans Budapest, une petite fille aux yeux en amande et au nez retroussé est cachée par des inconnus dans une cave. Enfin, un homme apparaît qui lui dit : «Je viens te chercher, nous allons retrouver ta maman.» Il fait monter la petite fille dans une vieille voiture et l?enveloppe dans une couverture. Il roule longtemps dans la nuit, avant de s?arrêter dans une grande ville. L?homme, qui parle peu, dit simplement : «Ce n?est pas la fin du voyage.» Il est très gentil et très fort, il la prend dans ses bras et la porte dans une maison. «Je suis ton oncle, dit-il. La dame que tu vas voir est ta tante et les enfants sont tes cousins. ? Nous avons très peu à manger», dit la tante quelques instants plus tard. Mais elle donne quand même à la petite Dora un morceau de lard et du pain. L?enfant s?endort dans un fauteuil. Au matin, un fermier l?emmène, après l?avoir habillée en paysanne. Ils prennent le train et descendent dans un petit village. Là, ils continuent à marcher à pied en se tenant par la main. La petite fille a froid et faim. Lorsqu?ils aperçoivent des hommes en uniforme, ils se cachent derrière une meule de paille. Le paysan l?enveloppe dans sa pelisse et la petite fille s?endort. (à suivre...)