Révolte n Qu'a-t-elle à gagner si ce n'est s'exposer aux foudres de sa fédération et risquer des sanctions. Mais la jeune judokate Nawel Saïdi, internationale junior, a choisi cette voie pour dénoncer l'injustice qu'elle vient de subir. Avec ses mèches blondes rebelles, un sourire pétillant et un caractère bien trempé, la jeune Nawel Saïdi (18 ans), étudiante en deuxième année de gestion et membre depuis cinq de la sélection nationale algérienne de judo, n'a pas hésité à passer le seuil de notre rédaction pour dénoncer avec fracas et détails, les raisons qui l'ont poussée à prendre une décision extrême : arrêter sa carrière, alors qu'elle n'est qu'au début de l'aventure. On a beau essayé de la raisonner en lui avançant un tas d'arguments, mais la déception était trop grande et se lisait sur son visage, surtout lorsqu'elle passe au peigne fin les péripéties qu'elle a vécues ces dernières semaines avec la fédération. Ce qui est certain, c'est que les révélations de Nawel Saïdi nous laissent perplexes, mais ne nous étonnent pas compte tenu de la situation qui règne depuis déjà des années dans nos fédérations sportives et qui se répercute régulièrement sur les résultats qui souvent frôlent la débâcle. On suppose que le cas de Nawel Saïdi n'est pas le premier et ne sera certainement pas le dernier, elle qui a été privée d'une participation aux mondiaux de judo juniors à Paris dans la catégorie des 52 kg alors qu'elle est championne d'Algérie en titre sous prétexte de problèmes cardiaques. Le comble est qu'aucun contrôle approfondi n'a été fait par la fédération pour cette athlète, bien au contraire cette dernière a été destinataire d'une attestation d'absence spéciale payée (un ordre de mission, dont une copie est en notre possession) sur laquelle le motif de son déplacement était inscrit noir sur blanc : championnat du monde de Paris (du 19 au 28/10/2009). Lors de notre entretien, Saïdi nous a également montré le dossier médical qui était en sa possession, notamment un ECG, un écho doppler et un certificat établi par le Dr Moualek, un cardiologue, prouvant que l'athlète était apte à la pratique sportive de haut niveau. Ces tests médicaux ont ainsi levé le voile sur cette affaire, alors que la fédération avait signifié le contraire à son athlète. Mais lors des championnats d'Afrique au Maroc, en juillet dernier, les choses se sont encore compliquées pour Saïdi qui, selon elle, a fait les frais d'un favoritisme au profit d'une de ses concurrentes, Meriem Haoula, pour la simple raison que cette dernière était «pistonnée» et que derrière elle se cachait une histoire de sous (sponsoring). Elle ne pouvait être que la favorite de la fédération, toujours selon les propos de Nawel Saïdi. Le fait d'être écartée d'une participation aux championnats du monde de sa catégorie, a mis Saïdi dans tous ses états, elle qui jure aujourd'hui de ne plus remettre les pieds sur un tatami. À travers, son récit on mesure l'absence d'une prise en charge de nos athlètes qui se retrouvent à chaque fois seuls à se débrouiller pour régler tel ou tel autre souci, alors qu'ils ne devraient se concentrer que sur leurs seuls entraînements et travail purement sportif. Et pour la petite histoire, Meriem Haoula, qui a remplacé Nawel Saïdi, s'est inclinée dès le premier tour des championnats du Monde qui se déroulent en ce moment à Paris. Évidemment, ce ne sont pas les deux athlètes qui sont incriminées, mais plutôt les responsables qui n'ont pas su gérer les choses et n'ont pas rempli convenablement leur mission au point que cela débouche sur cette affaire Saïdi, qui ne sera malheureusement ni la première ni la dernière.