La vie et l'œuvre de Kateb Yacine, romancier, poète et dramaturge algérien disparu en 1989, ont été évoquées, hier, mercredi, au Palais de la culture d'Alger. Ces tables rondes s'inscrivent dans le cadre des «Rencontres Kateb Yacine», une manifestation de deux jours organisée à l'initiative de Gosto Théâtre, une compagnie de théâtre fondée par le dramaturge algérien Ziani Chérif Ayad. A travers une présentation intitulée «Kateb Yacine : amitiés électives et camarades de combat», Benamar Médiène, universitaire et critique d'art, s'est attaché à aborder l'écrivain à travers sa vie, ses amitiés et ses «errances» dont est empreinte toute son œuvre. L'universitaire qui était lié par une longue amitié avec Kateb Yacine, dira de lui qu'«il n'a jamais eu de chez-soi». «Le "père de Nedjma" est devenu un errant depuis qu'il a quitté Sétif en 1945», dira-t-il. Cette année-là, ajoute l'universitaire, marquera à jamais la vie et l'œuvre du jeune Kateb Yacine – il avait alors 16 ans –, qui subira, coup sur coup, le choc de la répression des manifestations du 8 mai 1945 et celui de l'amour impossible qu'il porte à sa cousine, son aînée de dix ans et de surcroît mariée. De cette double tourmente, le romancier écrira, onze ans plus tard, ‘Nedjma', un roman phare de la littérature algérienne qui fera la renommée de Kateb Yacine en même temps qu'il jettera une lumière crue sur l'Algérie colonisée. La création post-indépendance de Kateb Yacine a été brièvement abordée par l'universitaire. Cette période qui a été marquée par un engagement dans le théâtre, a été, sans doute, la plus douloureusement vécue. «Son théâtre a été constamment saboté», dira Benamar Médiène. D'autres présentations, sous forme de grilles de lecture diversifiées données par d'autres universitaires, ont abordé «l'intellectuel iconoclaste» qu'était Kateb Yacine. Tous ces intervenants insisteront sur la difficulté à analyser son œuvre où poésie se conjugue avec engagement. L'œuvre katébienne, conclura l'universitaire Aïcha Kassoul, «est déroutante, mais elle a un sens, celui de la liberté au nom de la justice et du devoir de résistance».