Astuce n Des bébés sont trimballés à longueur de journée dans les rues par des mendiantes. Ils constituent, paraît-il, un moyen très efficace pour attendrir les gens. La mendicité touche toutes les rues d'Alger, il n'y a pas un seul quartier où on ne rencontre pas des hommes ou des femmes traînant une fillette ou une kyrielle d'enfants sur le trottoir. Certains exhibent un handicap ou la fameuse ordonnance qui ne semble plus faire recette de nos jours. Apparemment, les gens sont plus sensibles devant l'image d'un enfant traîné par sa mère sans ressources. Une femme portant dans ses bras un bébé complètement dénudé sur une passerelle en plein hiver, cela ne peut laisser indifférent. Devant un tel tableau, le passant n'a plus la tête à penser si réellement cette mendiante sollicite les gens par nécessité absolue ou non ! Halima, la trentaine, est une ancienne mendiante de la Grande mosquée d'Alger, à la place des Martyrs. Elle affirme être de l'intérieur du pays. C'est en exhibant sa fille, Lydia, qu'elle a pu mendier sans grande difficulté. Un jeune étudiant apporte, pour sa part, un témoignage accablant : «Un jour, en me rendant à la faculté en début de matinée, j'ai vu sur mon chemin une dame très bien habillée accompagnée d'une fille, descendre d'une voiture. Un peu plus tard, elle a remis la fille à une mendiante qui lui a glissé dans la main quelques billets.» Un homme d'un certain âge confirme : «Ce sont des réseaux bien organisés. On a entendu parler de pauvres enfants exploités par des individus sans scrupules, au vu et au su des autorités ayant à charge de protéger cette catégorie innocente et fragile. Plus grave, ces malfaiteurs vont jusqu'à louer ces enfants. Les tarifs varient entre 1 000 et 2 000 Da la journée.» «Notre religion interdit ce genre de pratique. Et puis, les personnes qui sont réellement dans le besoin, n'ont jamais tendu la main», s'indigne, pour sa part, une femme rencontrée à la sortie d'un marché de fruits et légumes à Alger-Centre. A la cour d'Alger, un avocat, interpellé sur le phénomène, laisse éclater sa colère : «Je suis écœuré devant le nombre de femmes, de jeunes filles et d'enfants qui errent dans nos rues de jour comme de nuit. Cela, sans oublier tous les désagréments qui en découlent comme l'insécurité, l'insalubrité…» «En Algérie, il se trouve qu'on ne mène pas de véritables enquêtes sociales susceptibles de démasquer les faux nécessiteux afin de lutter plus efficacement contre ce phénomène. Comment peut-on appliquer la loi sans véritables enquêtes et comment peut-on condamner une personne pour mendicité alors qu'elle n'est pas intégrée socialement ?», s'interroge-t-il.