Désillusion n Fatia a fait rêver beaucoup d'Algériens pendant de longues années. Le 22 juillet 2007, une décision de liquidation de la société Fatia, prise lors d'une assemblée générale extraordinaire tenue à Alger, a enterré officiellement le projet. La jolie Fatia ne roulera jamais sur nos routes. La sentence est tombée trois ans après l'annonce euphorique d'El-Hachemi Djaâboub, alors ministre de l'industrie, le 13 mars 2004. «La première fournée de véhicules de tourisme fabriqués en Algérie sortira des usines Fatia avant fin 2004», avait-il affirmé. Le ministre est même allé plus loin, annonçant qu'«à la faveur d'une amélioration nette de l'environnement international de l'Algérie, des négociations, très avancées, sont actuellement menées avec des partenaires étrangers spécialisés dans la construction automobile. Nous avons l'espoir que les usines seront opérationnelles avant décembre 2004». L'usine Fatia, implantée dans la zone industrielle de Bouchekif à Tiaret, pourra donc servir désormais à toute activité sauf… la fabrication d'une voiture. Des centaines d'Algériens ont, plusieurs années durant, économisé afin d'avoir l'honneur d'acquérir une voiture produite localement. «ça allait être une fierté inégalable de circuler sur les routes algériennes à bord d'une voiture algérienne», dit Saïd, la quarantaine, qui s'est retrouvé contraint d'acquérir une voiture européenne «malgré lui». L'attente a été longue et l'épilogue a été fâcheux. Le rêve s'est avéré une simple illusion. La fierté était aussi perceptible chez les promoteurs de ce projet qui voulaient en faire une preuve incontestable de la capacité de l'Algérie à mettre en place les techniques industrielles les plus performantes. La mort lente de Fatia a débuté dès 1994. Le prix de la voiture «made in Algeria» allait osciller entre 50 et 80 millions de centimes. Un prix compétitif par rapport à ceux appliqués aujourd'hui par les différents concessionnaires. Selon une enquête réalisée par le journal électronique toutsurlalgerie.com, dès 1993, l'usine était prête et la production devait démarrer quelques mois après. Les pièces devaient toutefois être acheminées du port de Mostaganem vers Tiaret. Les Italiens avaient, devant la menace terroriste qui multipliait ses attaques contre les intérêts étrangers, demandé une escorte des forces de sécurité pour les convois transportant les équipements de Fatia. A cette demande, le gouvernement hésite pendant plusieurs semaines, avant de faire savoir aux Italiens que la réponse est négative Aucune explication ne leur a été fournie. Mystère ! Selon le même journal, les Italiens, après plusieurs mois de négociations infructueuses avec le gouvernement, ont décidé, en 1994, d'abandonner le projet. Fatia agonisait alors durant de longues années avant d'être achevée et enterrée définitivement en 2007.