Lacune n C'est devenu une habitude ou presque dans notre pays : on annonce d'abord un projet avant de lancer les études de faisabilité qui révèlent, dans bien des cas, la difficulté de le concrétiser. Il est de notoriété publique que les projets lancés par les pouvoirs publics sont rarement réalisés dans les délais pour des considérations liées le plus souvent à un manque de discernement. Pratiquement, aucun grand chantier n'a été livré à temps, ces dernières années. Mais il y a encore pire. Des projets qui ont été annoncés en grande pompe n'ont pas vu et ne verront probablement jamais le jour. C'est le cas, entre autres, du transport maritime urbain, des lycées d'excellence, de la voiture algérienne Fatia et du baccalauréat professionnel. Après les avoir fièrement révélés à la presse nationale au cours de cérémonies pompeuses, de hauts responsables de l'Etat sont revenus, quelques mois plus tard, pour annoncer leur gel ou carrément leur annulation en raison de «difficultés rencontrées sur le terrain», de leur «inutilité» ou encore de «l'absence des financements nécessaires». Mais pourquoi s'est-on précipité de les annoncer alors ? A quoi cela a-t-il servi ? Le bon sens veut que l'on prenne tout le temps nécessaire pour étudier un projet sous toutes ses facettes avant d'en faire part à l'opinion publique. Malheureusement, les choses se passent autrement chez nous où l'on met généralement la charrue avant les bœufs. On annonce d'abord les projets avant de lancer les études de faisabilité qui révèlent, dans bien des cas, la difficulté de les concrétiser. Cette façon de faire génère malheureusement des désillusions au sein de la population qui, au fil des années et des déceptions, devient méfiante vis-à-vis des annonces et des promesses des pouvoirs publics. Sur ce registre, il y a lieu de souligner que de nombreux citoyens se sont montrés sceptiques quant à la capacité de notre pays de fabriquer une voiture «100% algérienne» tel qu'annonçait en juillet dernier par le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Et pour cause : un projet similaire avait déjà été annoncé il y a quelques années, mais n'a jamais été concrétisé. De ce qui précède, les pouvoirs publics gagneraient beaucoup à bien étudier les projets qu'ils comptent lancer avant de les rendre publics. Car les promesses non tenues, cela ne fait que discréditer l'Etat aux yeux de la population.