Résumé de la 4e partie n Le 2 juin 1970, ils baptisent leur bande «Fraction armée rouge» et partent en Jordanie d'où ils sont renvoyés... De retour en Allemagne, ils ne perdent pas de temps: ils recrutent cinq autres sympathisants et le 9 août ils attaquent simultanément quatre banques en quatre groupes de deux. Ils en retirent le butin de 210 000 marks, soit à peu près autant d'euros d'aujourd'hui. Cette somme relativement importante ne résout pas tous leurs problèmes : ils sont traqués. Ils vont voir leurs anciens amis gauchistes mais ceux-ci réprouvent leur forme d'action violente et refusent de les aider. Ils achètent à prix d'or de nouvelles armes : des mitraillettes et des pistolets 9 mm et cambriolent alors la mairie de Neustadt-Am-Rübenberg, pour voler des papiers et des tampons officiels... Depuis leur retour de Jordanie, ils vivent à Berlin. La police les sait dans la ville et l'étau se resserre. Ils préfèrent partir pour Francfort. Ils s'entraînent assidûment au tir, dans un bois bordant les pistes de l'aéroport, profitant du bruit des réacteurs pour ne pas être entendus. Finalement, Ulrike Meinhof découvre dans le petites annonces une grande villa tranquille, près de Hanovre. Toute la bande, une quinzaine d'hommes et de femmes à ce moment, s'y installe. A ce point du récit, on peut s'étonner du nombre de femmes dans le groupe. Elles ont été de bout en bout aussi nombreuses que les hommes et elles ont joué un rôle aussi actif, y compris dans la violence et dans le meurtre. Il faut sans doute y voir une revendication extrême d'égalité des sexes, dans le prolongement du combat féministe de l'époque. Le nom de «bande à Baader» n'est d'ailleurs pas tout à fait exact. Il n'a été donné à l'organisation qu'en France, peut-être par analogie avec la «bande à Bonnot». Mais Andreas Baader n'en a jamais été le chef, ni officiellement ni dans les faits. Si ce titre devait être donné à quelqu'un, ce serait plutôt à Ulrike Meinhof, qui avait la plus forte personnalité du groupe. Quoi qu'il en soit, quand ils se retrouvent dans la villa de Hanovre, ils éprouvent le besoin de faire le point et discutent pour rebâtir le monde. Comment faire disparaître cette société qu'ils détestent ? Ils se décident pour un enlèvement spectaculaire. Ils hésitent entre Axel Springer, le patron du plus grand groupe de presse allemand, et Franz Josef Strauss, l'homme politique du centre droit ; certains parlent même du chancelier Willy Brandt. En attendant, pour assurer leur subsistance, ils font des cambriolages. La police semble avoir beaucoup de chance, car, durant cette période, au cours de simples contrôles de routine, elle arrête la majorité d'entre eux. En réalité, il s'agit sans doute de redditions déguisées. Ceux qui se font prendre font partie des éléments les moins déterminés, qu'effraie la tournure prise par les événements. Il ne reste plus, au sein de la bande à Baader, que ses éléments les plus durs. La suite va effectivement être terrible. Le 17 janvier 1971, les irréductibles de la Fraction armée rouge réussissent un double hold-up à Kassel, la grande ville du centre de l'Allemagne. Trois de ses membres sont pris, mais Andreas Baader, Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin s'échappent. Plus que le butin qu'ils ont emporté, c'est la manière dont ils ont opéré qui frappe l'opinion. Ils n'ont pas hésité à tirer les premiers sur les policiers. Ce comportement inédit séduit les jeunes extrémistes. Un peu partout dans le pays, des émules des terroristes tirent, eux aussi, sur les policiers, sans raison, uniquement pour les tuer. Il n'y a pas de victime, mais un climat d'angoisse s'empare de tout le pays. (à suivre...)