Réflexion n Le colloque scientifique et international sur «les mythes anciens à l'épreuve de la modernité dans les littératures africaines» s'est ouvert, hier, à la salle El-Mougar. Dans son intervention, Benaouda Lebdai, professeur des universités à l'université du Maine (USA), spécialiste de littérature africaine comparée anglophone et francophone, a mis l'accent sur l'aspect étymologique du mythe. «Le mythe a une étymologie, ses étendues, sa fonction structurante au sein d'une société, ses dimensions archétypales, alors que certains théoriciens réfutent ces caractéristiques», dit-elle, et de s'interroger : «Comment considérer [alors] les mythes ?». «Le mythe favorise la compréhension du monde post-colonial et proposent les arguments pour réfreiner la domination et la propagation d'une culture occidentale de masse, globalisante et anesthésiante», explique-t-elle, et de poursuivre : «Le mythe a un rôle décisif, il est endogène dans le processus d'intégration à la modernité.» Ainsi, les mythes s'accordent et correspondent à la modernité tout en préservant les caractéristiques identitaires d'une société face à l'influence de la culture occidentale. Les mythes anciens jouent le rôle de repères identitaires. Car ils sont porteurs d'une mémoire, tout comme les littératures africaines qui, elles, sont porteuses de mythes nouveaux, mythes à travers lesquels s'exprime la nouvelle condition – une manière d'être et de penser – de l'Africain. L'universitaire congolais Julien Kilanga Musinde a, dans sa communication, engagé une réflexion sur les littératures africaines. «Cette réflexion est source de plusieurs questions qui partent du cœur même du sujet, littératures africaines en mal de définition», souligne-t-il, et cela, en raison de son rapport à la modernité, rapport souvent conflictuel. Car l'Africain est, aujourd'hui, déchiré entre l'ancestralité à laquelle il appartient et la perception moderne de sa vie actuelle. S'agit-il d'une représentation orale de son existence ou bien écrite de sa relation au réel ? L'universitaire sénégalais Silcarneyni Gueye s'est attardé sur «les mythes anciens à l'épreuve de la modernité dans les littératures africaines». Cela revient d'emblée à dire que les littératures africaines se révèlent le creuset et l'illustration des mythes anciens, par lesquels se dit la vie de la société qui produit ces mythes. Ainsi, le conférencier dira : «L'être humain des temps modernes est handicapé par la prédominance dictatoriale de son intellect qui l'a enfermé dans un monde étroit, terne et vide où le sacré est relégué, au mieux, dans le monde de l'imaginaire, c'est-à-dire de l'irréel parce que irrationnel. Or pour l'Africain, cet imaginaire correspond à une réalité vivante vécue quotidiennement de par sa capacité de perception intuitive qui lui permet d'appréhender le sacré dans son vécu quotidien.» Organisé par le Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques, ce colloque se veut un prolongement du premier colloque organisé sous le thème de l'anthropologie durant le Panaf. Il s'emploie à débattre de l'importance des mythes dans la littérature africaine et à faire toute la lumière sur les problèmes que connaît la littérature en Afrique et proposer des solutions.