Images n Lundi 5 octobre 2009, gare Agha, à Alger-Centre. Il est 11h16 et le train à traction électrique en direction d'El-Affroun, dans la wilaya de Blida, vient juste d'arriver à la gare d'Alger. Les voyageurs, très nombreux, montent à bord dans le calme. Quelques secondes ont suffi pour que tout le monde s'installe à l'intérieur. Avant que les portes ne se referment automatiquement, deux gendarmes s'y «glissent». Renseignements pris, ils sont chargés d'assister les agents de sécurité de la Sncf. A 11h 18, le train bleu et blanc, long de plusieurs mètres, redémarre. Il est à l'heure ! Ce qui était inimaginable, il y a quelques mois encore. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette ponctualité n'est pas du goût de tout le monde. «On nous a habitués aux retards, alors on ne vient jamais à l'heure», note un homme d'une cinquantaine d'années environ après avoir manqué le départ d'un cheveu. Comme lui, ils sont nombreux à rater le train ces jours-ci «parce qu'il part avant l'heure», disent-ils, alors qu'il est plutôt à l'heure. 11h22, une voix féminine annonce le départ du train en direction de Thénia, dans la wilaya de Boumerdès, à 11h28. Quatre minutes plus tard, le train en question fait son apparition à la grande joie des passagers. Encore un train qui arrive à l'heure et repart avec un «minuscule» retard d'une minute ! Dans l'un des wagons, la plupart des passagers sont assis. Confortablement, il faut bien le relever. Certains en profitent pour lire la presse du jour. De temps à autre, un agent du département protection des biens passe pour s'enquérir des conditions de voyage. Pour le moment, il n'y a rien à signaler, tout baigne dans l'huile. Les arrêts se succèdent sans qu'aucun incident soit signalé. Tout le monde semble trouver ses repères dans ce nouveau train grâce aux tableaux électroniques et autres panneaux d'indication installés un peu partout. Les arrêts sont annoncés automatiquement via des messages électroniques et une musique singulière. Pas besoin donc de se renseigner pour savoir où l'on va. «Tu as vu la mascarade d'hier ? Benzema était transparent !» Un jeune homme d'une trentaine d'années environ, portant un pantacourt, décroche soudainement son téléphone mobile et exprime à haute voix à son interlocuteur sa déception par rapport à la prestation et à la défaite essuyée la veille par son équipe favorite, le Real Madrid, face au FC Séville dans le cadre de la 6e journée du championnat d'Espagne de football. Le silence reprend ses droits avant qu'une vieille femme ne le rompe de nouveau à l'arrêt du Caroubier. Comme personne n'a voulu lui céder sa place, elle a commencé à crier en lançant des phrases du genre : «Les Algériens ne sont pas éduqués», «Ils ne travaillent pas». Pour on ne sait quelle raison, elle décide de descendre au prochain arrêt. Le train avance doucement et sûrement. Sa vitesse est tout juste moyenne, «mais l'essentiel est qu'on arrive à temps», dit une jeune fille à son amie. Il est 12h 05 et une grande partie des passagers descend à Rouiba. Le train continue son trajet et avant d'arriver à Boumerdès à 12h30, il s'arrête brusquement, provoquant une légère panique. C'est la seule «fausse note» du voyage qui prend fin à Thénia à 12h 41 exactement.