Résumé de 88e partie n Un ouij-da, met en «communication» deux femmes de Saint-Louis avec un «esprit» d'une certaine Patience Worth : une femme qui aurait vécu au XVIIe siècle ! Les échanges s'intensifient. Les notes s'accumulent. Patience Worth vit ou a vécu au XVIIe siècle : les références qu'elle donne mais surtout la langue qu'elle emploie le montre. Il arrive que, dans la correspondance, Mme Curan demande. — quel est ce mot que vous avez employé ? — c'est un mot que nous employons ? — je ne connais pas ce mot ! — il est pourtant d'une utilisation courante. Mme Curan demande alors. — veuillez me l'expliquer ! Le mot appartient à l'anglais de l'époque des Stuart, mais c'est une langue qui comporte des éléments encore plus anciens. Des spécialistes ont même détecté des mots qui n'ont jamais été relevés dans aucun texte. A l'inverse, les latinismes et les hellénismes si nombreux dans l'anglais d'aujourd'hui, sont rares. On a noté aussi que tous les objets décrits sont ceux qui existaient au XVIIe siècle. Mme Curan ne comprend pas l'utilisation de certains instruments. Les réponses de l'«esprit» sont parfois amusantes : — comment, vous ne savez pas à quoi sert tel objet ? — non ! — mais tout le monde sait à quoi il sert ! Curan s'emporte, parfois. — Eh bien, moi, je ne le sais pas ! Pouvez-vous me l'expliquer ? — ne vous fâchez pas, je vais vous dire à quoi cela sert ! Cependant, les spécialistes ont remarqué l'emploi de quelques mots postérieurs à cette époque. On a remarqué que ces mots modernes sont toujours employés dans un sens ironique : c'est comme si Patience World cherchait, en les employant, à se moquer de sa correspondante. Certains auteurs, en se fondant sur ces «anachronismes», ont voulu voir dans cela une preuve de la «tricherie» : Mme Curan qui, inventant de toutes pièces le personnage, a laissé échapper ces mots. «on imagine mal que ces mots, inventés aux XVIIIe et XIXe siècles, soient employés au XVIIe !» Mais d'autres auteurs ne sont pas d'accord avec cette analyse : un contemporain écrivant en ancien anglais laisserait échapper un nombre infiniment plus grand de termes modernes et il faudrait être vraiment spécialiste pour «coller» aussi étroitement avec la langue du XVIIe siècle, éviter tous les termes qui ont été formés ou empruntés depuis. Les références matérielles de Patience Worth sont celles de l'Angleterre de l'époque. La jeune femme semble avoir une connaissance profonde de la nature, de la vie urbaine, des us et coutumes de ses compatriotes. Les vêtements, ustensiles, meubles, instruments... sont également ceux du XVIIe siècle. Pour les partisans de la tricherie, Mme Curan s'est suffisamment documenté pour faire des descriptions aussi précises. (à suivre...)