Déduction n En supposant que chaque wilaya du pays livre à ses citoyens mal logés 1 000 logements par an, ce qui nous semble très possible, les 48 wilayas auront donc livré dans le même temps 48 000 logements. Poussons l'absurde et supposons cette fois que chaque wilaya livre non plus 1 000 mais 3 000 logements par an, nous aboutirons en fin d'année à une livraison de 144 000 logements. Même avec 4 000 logements par an livrés au public en 2008 (ce qui donnerait 192 000 logements) nous ne retrouvons pas le chiffre avancé officiellement de 220 000 logements. A raison de 6 personnes par famille grosso modo, ces appartements ont dû en toute logique mettre à l'abri 1 320 000 citoyens l'année dernière. Ce qui nous paraît pour le moins tiré par les cheveux. Pourquoi ? Parce que les poches de la précarité sont plus présentes que jamais, parce que les bidonvilles ne cessent de fleurir et de ceinturer les villes. Il y a, à l'heure où nous écrivons ces lignes, des familles qui vivent dans des hôtels, près des cimetières, dans des écoles en préfabriqué, dans des hôpitaux même. Il y a des familles – au moins dix à notre connaissance pour la seule wilaya d'Oran – qui vivent dans une fourrière abandonnée. Leur sort ne s'est pas amélioré pour autant pas plus que ceux qui habitent d'anciennes prisons désaffectées. Dans la capitale ou dans les autres grandes villes du pays, certains appartements sont si petits que les enfants font la chaîne pour dormir dans les couloirs ou dans les cuisines et les garçons doivent sortir pour permettre à leurs sœurs de se déshabiller. Sans nier les efforts de l'Etat et les investissements pharaoniques injectés dans le secteur de l'habitat, nous restons tout de même dubitatifs devant les chiffres qui nous sont de temps en temps annoncés. Surtout celui psychologique du million cumulé de logements livrés fin 2009. Il y a, de toute évidence, quelque chose d'exagéré et à notre sens de superficiellement gonflé. On peut faire dire tout et n'importe quoi aux chiffres mais on ne pourra jamais changer la réalité. Parce qu'avec un million de logements livrés entre 2005 et 2009 six millions d'Algériens ont en principe un toit sur la tête. Ce qui n'est visiblement pas le cas. Il n'y a qu'à voir les chalets du séisme de Chlef… ils sont toujours là, depuis 1980.