Habitude n Malgré les assurances de leurs représentants, les commerçants sont rares à ouvrir leurs boutiques les jours fériés. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) a beau rassurer les citoyens quant à la disponibilité des produits de première nécessité, les commerces et les boulangeries restent fermés le jour de l'Aïd et les jours suivants. Ce scénario s'est, une nouvelle fois, répété à l'occasion de cet Aïd El-Adha. Les habitants des grandes villes ont dû faire des pieds et des mains pour se procurer une baguette de pain ou un sachet de lait. Noureddine, 35 ans, journaliste, témoigne : «Le deuxième jour de l'Aïd, j'ai travaillé jusqu'à 16 heures et à ma sortie du bureau, j'ai voulu m'acheter un pain. J'ai fait le tour de toutes les boulangeries et des magasins d'alimentation générale de la place du 1er-Mai, sans résultat. J'ai demandé à un commerçant où je pourrais en trouver et il m'a répondu qu'un de ses voisins s'est déplacé jusqu'à Bab El-Oued, mais en vain.» Pour leur part, les restaurateurs ont préféré baisser rideau, contraignant ainsi les passagers et ceux n'ayant pas les moyens de faire la cuisine chez eux à prolonger leur jeûne. «On a dû faire quelque trois kilomètres pour trouver un restaurant ouvert», affirme à ce sujet Madjid, 28 ans, retenu à Alger le jour de l'Aïd pour des obligations professionnelles. «Il n'y avait, en plus, qu'un seul repas au menu : des frites», poursuit-il tout en regrettant le passage du commerce sous la coupe du privé : «On n'aurait jamais dû le lui confier, seul l'Etat est à même d'assurer le service public.» «C'est facile de casser du sucre sur notre dos. Mettez-vous à notre place : pouvez-vous travailler à perte ? Pouvez-vous rester ouvert jusqu'à minuit ou le jour de l'Aïd, avec tous les frais que cela implique, pour servir deux, trois ou dix clients en tout et pour tout ? Personnellement, je ne suis pas prêt à cela», se défend le gérant d'un restaurant de la rue Ahmed-Chaïb (ex-rue de Tanger), à quelques encablures du siège de l'Assemblée populaire communale (APC) d'Alger-Centre. Selon lui, certains restaurateurs ont déjà essayé de travailler jusqu'à une heure tardive de la nuit, mais l'expérience s'est avérée infructueuse : «Ce fut un véritable fiasco.» De leur côté, des boulangers assurent avoir «travaillé normalement le jour de l'Aïd de l'année passée» sans, toutefois, réussir à faire des bénéfices étant donné que les clients «n'étaient pas au rendez-vous». Est-ce, pour autant, une raison pour ne pas travailler les jours fériés ? Sûrement pas.