Déduction Si l?OMC est synonyme de commerce, le débat devrait concerner tout le monde en Algérie et ne doit, en aucun cas, être du seul ressort des experts. L?adhésion de l?Algérie à l?OMC est-elle sans intérêt pour les Algériens, voire un non-événement au point que ne lui sont consacrées que de petites parcelles dans nos journaux avec des écrits très souvent confinés au stade d?information et de rappels n?atteignant presque jamais le seuil de la critique argumentée ? L?OMC, le libre-échange, le brevet, la propriété intellectuelle sont des termes tellement galvaudés mais encore non précis dans la conscience collective, qu?une opération de vulgarisation tous azimuts s?impose aujourd?hui. Car l?OMC et le libre-échange sont avant tout une question de commerce, un sujet qui concerne, au-delà des lourdes tendances macroéconomiques, la famille, la petite entreprise et l?épicier du coin. Vu sous cet angle, le traitement du dossier OMC, pour les incidences qu?il implique à court, moyen et long termes, doit impérativement sortir du carcan des salons feutrés où se déroulent, à longueur d?année, séminaires et colloques pour l?élite, rien que l?élite. Pour la vox populi, c?est le nuage épais. Pour les uns «ce sont les juifs qui sont derrière?», pour les autres, il faut vivre l?étape OMC pour se prononcer ; autant dire qu?aujourd?hui, l?OMC est un concept circonscrit et inaccessible curieusement à tous les Algériens. Le peu d?empressement du large public peut être expliqué, outre l?absence de vulgarisation, par le bouillonnement constaté dans les sphères de la politique et qui a pris le dessus sur les préoccupations économiques et leurs implications directes sur le volet social. On ne le dira jamais assez, l?adhésion de l?Algérie à l?OMC est le prélude à une incursion rapide et expéditive dans le monde impitoyable et tant redouté du libre-échange. Quelle est donc la signification de ce mot ? Le libre-échange véhicule l?idée selon laquelle «la régulation économique et sociale est optimale lorsque le marché est laissé à ses propres forces». Le libre-échange correspond alors à la confrontation pure, c'est-à-dire sans intervention extérieure (de l?Etat), de l'offre et de la demande sur les marchés. L?économie et le social étant intimement liés, l?on se demande, dès lors, si avec une balance commerciale dont les 95% des ressources émanent du seul secteur des hydrocarbures, avec un taux de chômage atteignant le chiffre effarant de 23,3% de la population active, avec presque 14 milliards de dollars versés rien que dans l?importation de l?agroalimentaire et les médicaments, avec des entreprises publiques et privées qui sont loin des normes de la compétitivité et enfin avec une «mentalité de rentiers», l?Algérie a-t-elle réellement les coudées franches pour mettre les deux pieds dans le tourbillon OMC, à moindre frais et sans grands risques ? En déclarant, depuis quelques mois, que «les conséquences nous y sommes déjà !», Nourredine Boukrouh, ministre du Commerce, n?a fait qu?embrouiller davantage la situation.