Mystère Seul un club restreint d?initiés est au courant des tractations de l?Algérie avec l?OMC, le gouvernement algérien ne jugeant pas utile d?informer l?opinion publique sur les détails de ces négociations qui ont commencé depuis 1996. Même les députés de la nation ne sont pas associés à ce processus. Lorsqu?ils doivent se prononcer sur certains aspects de ces négociations, ils sont seulement invités à entériner les ordonnances signées par le chef de l?Etat. Cette discrétion explique, en grande partie, l?apathie de la société qui ne se sent pas concernée par des affaires qui relèveraient, selon le commun des mortels, de ces dossiers si complexes que seuls les spécialistes y ont droit au chapitre. «Nous ne savons pas ce qui se passe», ont avoué à plusieurs reprises des députés. Même les hauts fonctionnaires ont constaté que les choses sont en train de se «passer en catimini». A son retour de Genève, en mai dernier, le ministre du Commerce, qui conduisait les négociations avec l?OMC, n?a fait aucune déclaration pour expliquer la teneur de ces pourparlers. «Nous sommes contre cette méthode de travail», se sont alors indignés certains cadres. Pour eux, la population doit être informée correctement et le plus complètement possible sur ce chapitre important dans l?histoire de l?Algérie. Pourtant l?ex-chef du gouvernement, Ali Benflis, avait promis et même inscrit dans son programme que les représentants de la nation seraient informés sur ce processus, mais cette attente a été vaine. Il arrive seulement que quelques séminaires, orientés vers une cible initiée, soient organisés dans des hôtels ou des résidences d?Etat pour exposer longuement les bienfaits de l?adhésion de l?Algérie à l?OMC. L?argument qui revient le plus souvent dans la phraséologie gouvernementale est la nécessité de ne pas s?isoler du reste du monde en boudant une organisation qui regroupe déjà 146 pays. Nouredine Boukrouh a été plus explicite en balayant d?un revers de main les arguments des anti-mondialistes en disant que ceux-ci devraient changer complètement de mentalité. Pour lui, toutes les protections et garanties demandées ne relèvent que de la nostalgie qui a fait que l?Algérien a été assisté par l?Etat durant toute sa vie. Le ministre et, par là, tout le gouvernement algérien, n?hésite pas à sacrifier l?espoir entretenu par la population dans un Etat régulateur. Car, après l?adhésion à l?OMC, même les services sociaux comme l?Education et la Santé seront exclus du soutien de l?Etat. Le soutien aux produits alimentaires (farine, lait?) seront aussi levés, ce qui ne fera qu?augmenter la cherté de la vie.